Regards

Chiwai Cheung

Un coin du réel

Chiwai Cheung est né en 1955 à Guangzhou, en Chine. Ce fils d’enseignants fins et cultivés, benjamin d’une fratrie de six enfants, sera confronté dès l’âge de onze ans aux difficultés dues à la Révolution Culturelle. Âgé de dix-huit ans, il est arraché à sa famille et dès lors, sera directement soumis aux affres de la condition humaine. Il passera de paysan à instituteur, puis d’enseignant à ouvrier, cumulant les travaux les plus pénibles, souffrant de la faim et du froid, jusqu’à la chute du régime mis en place par Mao, sans jamais renoncer à la lecture des plus grands poètes, se forgeant ainsi une philosophie très ancrée dans cet acte profond de résistance et d’opiniâtreté.

En 1977 il sera admis à l’Université pour y poursuivre des études en économie et entrera à la Banque de Construction de Chine où il fera de nombreux voyages à l’étranger. Quelques années plus tard, Il fréquentera les ateliers de calligraphie et d’aquarelle, désireux de s’exprimer par le dessin et la couleur.

En marge de toute académie, Chiwai Cheung exprime de toutes les fibres de sa créativité, une époustouflante capacité à transcender l’insupportable réalité d’être, dans sa vérité mise à nu.

La souffrance et la frustration de cette Chine réduite au silence, qui repoussait une part de l’homme en deçà des lignes, retentit dans un cri muet qui résonne encore aujourd’hui dans le champ de cette expression artistique tellement juste et si bellement chaotique.

Initié à la peinture occidentale qui permet plus de possibilité de techniques, il enverra au monde ces messages d’humanité qui dominent en son œuvre ; véritables « projections de l’âme ».

Les thèmes abordés nous parlent de : Méditation, Vies malmenées, Espoir de l’âme, Prières, Désespoirs, Stupéfaction, Pression immense, Couleurs de l’âme, Regard de l’esprit humain, Désarroi, Solitude, Phase terminale, Transformation, Terreur du regret, Regard fixe, Froid, Cri, Froide compréhension, Vie drôle, Mépris…

Par les personnages que je peins et les pigments que j’emploie, dit-il, je m’émeus et j’émeus ceux qui contemplent mes peintures. Chaque personne est à la fois minuscule et grandiose ; qu’il s’agisse des classes sociales supérieures, moyennes ou inférieures, la pensée, les espoirs, ou les idéaux de tout un chacun émettent une brillance, des étincelles ou des flammes qui leur sont propres. Je calme les soubresauts de mon cœur et observe le monde d’un œil bienveillant ; sereinement je médite sur la vie. J’éveille en moi les réponses à ma propre destinée – humilité, résistance, ou hurlements-et laisse mes émotions se déverser dans l’océan de la société, se répandre jusqu’au ciel, sous la garde des nuages.

En 2006, après une brillante carrière, il fonde une entreprise de gestion culturelle et artistique pour venir en aide à la jeune création.

Mais la peinture de la réalité quotidienne sera à jamais le fer de lance de cet artiste sans concessions, dont toute l’œuvre est construite sur les fondements du langage du cœur.

À voir du 12 Juillet au 18 août 2017
Mairie du 10e Paris
Commissaire Alin AVILA

Mylène Vignon