Galerie Area en fête

"Cette étrange idée du beau"

Beaucoup d’entre-nous se souviennent de la galerie Area, ce vaste loft de la rue d’Hauteville. Les œuvres étaient accueillies sous une immense verrière que semblait supporter une babélienne bibliothèque dont les rayons présentaient livres et objets du monde. Pendant vingt ans, performances et expositions se sont succédé. Milshtein y a montré ses plus insolites créations, Jiang Shanqing y a peint une fresque de plus de dix mètres de long. Pat Andrea pour « Rien à vendre », a voulu que le lieu ressemble à un nouveau Lascaux avec un charbon nourri par un feu produit sur place, il a consigné sur les murs, les lignes de ses délires. La fresque finie, le public a été invité à l’effacer dans une sorte de fête payante où l’œuvre était offerte en sacrifice.

On y a vu des débats où la création était interrogée, Jack Lang mis en question, Jean Didier Vincent en maître de cérémonie, Pierre Michon révélant ses nouveaux textes en ouvrant ses carnets, Hyppolite Romain faisant du théâtre… On y a vu 24 heures durant, un marathon de dessin, un pugilat de performeur chinois, des chorégraphies sur balançoires, des jongleurs, du steap-tease, de la contestation, bref de l’amour de l’art. Le lieu comme une tête pleine, ne cessait d’interroger.

Alin Avila, le critique d’art, longtemps à France Culture, directeur de la revue Area, et Fumihiko Harada, styliste de mode animaient, chacun à leur manière cette arène consacrée à la création. La politique immobilière à Paris a mis fin à cette aventure et une grande fête en marqua l’apothéose. Mais, Alin et Fumihiko ne pouvaient en rester là et l’esprit du lieu a ressurgi, sa quintessence préservée dans un nouvel espace, bien plus petit mais pas moins restreint, rue Volta. Au lieu dit « Cette étrange idée du beau », dont la formule est empruntée au philosophe François Julien.

Rien de plus probant que l’accrochage qu’ils organisent chaque fin d’année – Noël oblige. À ce moment, se mêlent objets et œuvres pour dire l’impérieuse nécessité de la curiosité, et qu’elle soit comme une fête quand l’œil passe d’un fétiche venu de Papouasie à une monnaie de coquillages île Salomon. C’est qu’ils voyagent nos complices, à la recherche de cette beauté perçu dans un tissu, le bois ou la bronze. La puissance des matières les fascine, émail ou cornaline, coraux ou brins de paille. Tout parle ici. Bijoux, fétiches–objet intercesseurs. Beauté fatales des couteaux, joie des perles et des plumes, érotisme des cauris… Ici le beau n’est plus une idée, mais une évidence en éclat déposée en chacun de ces objets que la main de l’homme a fait avec amour…

Objets du monde et œuvres d’aujourd’hui, sous chemises des dizaines et des dizaines de dessins et d’œuvres de petits formats sont aussi proposés à la vente (de 30 à 200 euros), des originaux de Cueco, Velickovic, César, Arman, Cartier Bresson… et des dizaines d’autres.

AREA

au lieu dit « cette étrange idée du Beau »

39, rue Volta – Paris – de 13 à 19h tout les jours

Métro : Arts et Métiers.

Tél : 01 45 23 31 52 (bureau) 01 42 22 29 02

www.areaparis.com