Regards

L’ homme qui fait Chanter le marbre

Toute la dimension spirituelle  des œuvres – villes ou totems – exprime ce ressenti de puissante élévation que la lumière exalte.

Un arpège résonne sous la caresse et nous exhorte à ne plus écouter le reste.
 
C’est l’alchimie du travail de l’homme qui vient à la recherche de l’âme de la pierre.
 
Mégalithe, à laquelle le sculpteur apporte une respiration jusqu’à la transfiguration des codes du prisme de l’émotion.
 
Le Carrare immaculé s’épanouit sous le timide soleil de Paris et c’est toute l’Italie qui reprend ses droits, comme un clin d’œil aux Médicis.
 
Et ces villes étonnantes, futuristes et intemporelles – compostions urbaines qui préparent un lieu, ailleurs et autrement -.
 
Et nous avons rencontré le géant de marbre bleu…incroyablement bleu, qui capture le temps dans un fondu chromatique; prolongation du visible!
 
On pense à Marguerite Duras qui écrivait dans La Mer Ecrite; « Tout est devenu BLEU. C’est bleu. C’est à crier tellement c’est bleu… » .
 
 
Maurizio Toffoletti nous a ouvert les portes du ciel et son accueil n’a d’égal que son incommensurable talent.
 
www.mauriziotoffoletti.com
 
MV
TADEUSZ KANTOR

 

Tel que je l’entends, le chroniqueur est l’homme qui se préoccupe du temps, qui s’inquiète de savoir ce que nous en faisons comme de ce que le temps fait de nous.

Comment mieux faire que de placer cette poursuite sous la puissante invocation de Tadeusz Kantor.

Né à Wielopole en 1915, il aura été l’un des créateurs du théâtre moderne s’il en fut.

Et pourtant, ce théâtre, il l’a créé aussi bien à Cracovie qu’à Paris en 1947 comme à New York de 1965 à 1970.

Il a triomphé à Nancy en 1975 au Festival Mondial avec « La classe Morte » aussi bien qu’au Festival d’Avignon (Ô Douce Nuit) en 1990.

Avec « Wielopole Wieleopole » en 1980 il crie le nom de son village natal sur la scène désormais vide à jamais.

Car les pièces qu’il écrivait n’étaient pas des pièces elles étaient sur le théâtre la révélation de sa présence et de sa mort, comme de la nôtre.

Il nous a appris que la scène est la projection d’un espace intérieur, où les parades de cirque se succèdent sans avoir de cesse, qui nous passent sur le corps.

L’entrée d’un acteur sur la scène, comme notre propre entrée en ce monde signe sa condamnation à mort, cet acteur qui ne peut être que l’objet d’un mise en scène implacable.

Dans « La Classe Morte » chacun de ses camarades d’enfance portait sur son dos l’enfant qu’il fut et qu’il a laissé mourir.

Art minimal, Pop Art, Happening? Cérémonial?

Toujours est-il qu’il mourut en 1990 à peu près comme le fit Molière après une répétition de « Aujourd’hui c’est mon Anniversaire », et que la scène, qu’il ne quittait jamais au cours d’un spectacle est maintenant vide pour toujours

 

Henri-Hugues Lejeune