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Caroline Loeb. Mettre de la couleur dans la vie

Par Mylène Vignon

Créer, c’est se connecter avec le monde, c’est voir la beauté partout, c’est s’accorder la liberté d’être émue et touchée par n’importe quoi dans la rue…

C’est sur ces quelques mots que commence l’entretien avec Caroline Loeb, par un beau jour de février aux allures de printemps. Elle m’attend dans le café, si fine, habillée de couleurs flashies. l’esprit en perpétuel éveil, elle se confie.

C’est dans sa plus tendre enfance, initiée par sa mère, alors que la famille passe plusieurs années à New York, qu’elle tombe amoureuse de la littérature enfantine, jusqu’à la boulimie. Plus tard, elle en restera inspirée pour ses chansons et ses spectacles. En 1978, après avoir suivi les cours Florent aux côtés de Jean Pierre Darroussin, sous la direction de Francis Huster, elle monte sur scène comme comédienne, où elle est à l’affiche de Succès, une pièce écrite par les auteurs du groupe TSE ( première mouture) dans laquelle elle tiendra sept rôles.

Elle m’avoue avoir un penchant particulier pour la mise en scène : J’aime l’idée de tout régler de A à Z, le jeu des comédiens, les lumières, le son et le choix des costumes. C’est un véritable challenge et jprend un réel plaisir.

Elle met en scène Michel Hermon, avec lequel elle crée son premier spectacle aux Bouffes du Nord, Lio, Viktor Lazlo et la grande Judith Magre dans Shirley, dont elle signe également l’adaptation, qui vaudra un Molière à la comédienne. On la retrouve aussi au cinéma dans de nombreux films et auprès de Serge Gainsbourg comme styliste dans Bambou et les poupées

Rapidement, elle se crée un Panthéon de ces femmes sublimes, qui l’inspirent. George Sand sera la première muse qu’elle interprétera longtemps au théâtre, puis arrivera le temps de Sagan, qu’elle nous invite à retrouver actuellement dans la salle mythique du théâtre Lepic.

La mise en scène est signée Alex Lutz et les textes sont extraits du livre :  Je ne renie rien, interviews de Françoise Sagan (Editions Stock).

Sagan nous parle de son amour absolu pour la littérature et de là à trouver quelques similitudes avec une Caroline Loeb plus bouleversante que jamais, il n’y a pas loin !

Nous nous accordons devant un café, une pose chromatique, et défilent les photos de la maison que Caroline est en train de restaurer. La couleur est partout, sur les façades, sur les murs et les volets. Cet palette arc en ciel, confère à la maison une joyeuse harmonie : jaune citron, bleu Klein ou rouge garance, trouvent leur résonance dans ce lieu dont l’histoire est posée sur l’intime. Caroline me fait part de son plaisir à chiner l’objet insolite, qui viendrait s’ajouter à la grâce de ce paradis.

L’album Comme Sagan, tout nouvellement paru dans les bacs, nous parle en chansons, par la voix au timbre suave de Caroline Loeb, de la pudique romancière, que nous retrouvons avec émotion dans ces titres   : On ne sait jamais ce que le passé nous réserve, (Sagan, Loeb, Grillet) Bonjour New York, Maisons Louées, Sans vous aimer… des textes aux couleurs du temps, qui parlent de la vie avec ses nostalgies, ses mélancolies, ses heures bleues vécues au rythme des réalités, comme cette Petite musique écrite par Caroline Loeb et Thierry Illouz:

Il y a dans mes livres

Des femmes qui pleurent

Qui dérivent 

De belles demeures 

En beaux étés 

Des femmes pressées (…) 

Je quitte à regret ces beaux instants de partage poétique, et me sens face à cette immense artiste, en négligé de soie.

Spectacle Francoise par Sagan (meilleur seul(e) en scène / nomination aux Molières 2018)

Théâtre Lepic – 1 avenue Junot Paris 18ème

(Du mercredi au samedi à 19h – Le dimanche à 18h jusqu’au 10 mars).

Comme Sagan album (L’autre distribution)