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De fil en aiguille

Mycontemporary tisse du lien

En ce mois de la photo commençant, l’incontournable site artistique donne suite à l’exposition du Royal Monceau et dévoile de nouveaux talents émergeants.
 Situé au cœur d’ un quartier historique d’un Paris aux multiples secrets, l’Atelier Gustave ajoute  le charme  à l’émotion ressentie face aux œuvres des six artistes sélectionnés dans une idée de parcours initiatique à caractère résolument sacré.
D’entrée de jeu, les sphères  d’Adrienne Jalbert interpellent par leur dynamique : alliage des transparences, en opposition avec la masse et l’alchimie des matières. Un méticuleux travail de maillage plus ou moins  enrichi d’éléments minéraux  et de métaux précieux. Le cylindre fermé, dans son équilibre non euclidien, forme une protection dont l’on peinerait à s’échapper.  Nous sommes à nouveau dans vraie  proposition de cette géométrie romantique et sacrée à laquelle nous sommes conviés d’une expo l’autre.

Les grandes toiles de Li Fang, jeune plasticienne diplômée des Beaux-Arts  en Chine, dévoilent des situations de « passants » détournés de toute identification, sorte de vitrines des cités. Le mouvement de ces hommes et ces femmes qu’elle photographie avant transformation, met en valeur le champ magnétique qui les entoure et ainsi rend palpable l’invisible. Elle utilise la toile blanche sans aucune préparation préalable, selon la technique asiatique du dessin.
En face, dans le même espace, Claire Artémyz présente de belles photographies, avec le parti-pris du tirage argentique. C’est une série sur les plumes, qui a été sélectionnée pour cette scénographie en tracé de parcours initiatique. Claire est une chercheuse et assemble des objets précieux ou des fossiles, afin de rapprocher l’ancien du présent. Les macro- plans, la capture du détail et le respect de la couleur évoquent ici un véritable travail de plumassière, dans le sens esthétique du mot. De la plume de l’oiseau de paradis à celle de l’ange, il n’y a qu’un pas. De fil en aiguille, Claire nous amène à la rencontre de ses œuvres liturgiques, sur fond de monochromie sépia et le respect dû au sujet, impose un silence très habité.
Quelques sphères plus loin, se trouvent exposées les photos sur formats carrés de Step. La rigueur géométrique du carré s’impose de manière inconditionnelle dans l’élaboration de l’œuvre de cette jeune artiste, issue du monde de la publicité. Elle y applique des informations très symbolistes, qu’il appartient à chacun de décrypter. Les divers éléments d’architectures et d’éléments de religions assemblés, nous posent la question de l’opposition. Et si le bien avait besoin du mal pour équilibrer ce qui nous conditionne? Ange et démons ne se côtoient-ils pas en nous-même à chaque instant de notre voyage?
Son travail sur le Ben Ben, détermine les titres des photographies – au-dessus de la pyramide se trouve le pyramidion « Or » et plus haut, existe une entité qui transgresse l’homme vers l’harmonie céleste. Mais il s’agit peut-être de contre – propositions ?
Autre espace en sous-sol, plus dépouillé, partons à la découverte des images 3D entièrement composées par l’outil informatique. Adam Martinakis, l’artiste voyageur, né en Pologne a grandi en Grèce et vit actuellement aux Etats Unis. Il nous propose de bien étranges paysages, fruits d’une recherche très élaborée de la quête d’un monde onirique et fantasmagorique. Nous avons tous rêvé  de manière récurrente et incongrue, de lieux, de maisons, de jardins, inconnus  jusqu’alors. Nous sommes cependant persuadés de les avoir rencontrés dans un autre espace-temps.
 Les éléments qui composent ces images irrationnelles, fascinent par une forme de dis–fraction qui excite nos discernements et posent question sur la mémoire d’un futur émanant de l’inconscient collectif. Les œuvres d’Adam sont produites par Mycontemporary qui en assure également la conservation.
Enfin, nous terminons notre visite par un bouquet final coloré et joyeux. Ce sont les statues de Robert Le Biez, autodidacte, ingénieur de formation et ancien de la BD. La matière – le bois – détermine la forme et la couleur apporte le mouvement. L’artiste utilise les quatre primaires  pour l’élaboration des différentes pièces en découpe qui constituent l’œuvre. Pour ajouter une dynamique de vitesse au mouvement, il ajoute parfois un mélange de deux couleurs. Sa toute première exposition est récente : 2009 à New-York. Il a rencontré un tel succès que la récidive ne s’est pas faite attendre. En 2010, il est retourné à la conquête de l’Amérique. Ses titres sont toujours formulés en anglais, en hommage à ses premières amours artistiques. L’œuvre dégage une très grande sensualité et derrière un aspect ludique se cache un travail très sérieux qui émane d’une réflexion profonde. Les dessins sont une autre face de son art et ne sont en aucun cas des esquisses préparatoires. Ce sont des œuvres abouties qui attestent d’un très grand professionnalisme.

Mylène VIGNON

Du 5 au 10 novembre 2013  
www.mycontemporary.com