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Tombouctou (ou Timbuktu)

Par Pascal Aubier

Vers le 5 janvier je commençais ce petit papier sur Timbuctu que je venais de voir avec un plaisir mêlé d’effroi : Voilà un film à voir sans peine disais-je donc, et qui rafraîchît certains coins du cœur entraînés au désespoir du monde. Et qui attise aussi le feu de la colère des autres coins.
Un pays simple, des dunes et des dunes, des petits filets de verdure, de l’eau ici et là. Une tente Touareg avec une famille, le père, la mère, la petite fille, douze ans ; quelques vaches maigres et brunes. L’une se nomme GPS. En français. Et en tamachek (langue Touareg) aussi. Tombouctou fut Française le temps d’une courte colonie. Mais est-ce que GPS est Français ? Ou Touareg ? Ou Arabe, ou Malien ? Ce n’est pas la question du film, nous dirons que c’est une question collatérale.

Bref, Timbuctu est aux mains des Djahadistes. Et c’est ça l’histoire. Que Abderrahmane Sissako en ait fait un film magnifique, humain, tendre et terrifiant est bien entendu très important. Mais son film surtout nous parle d’aujourd’hui. Et vous devriez tous aller le voir. Je ne vous raconterai pas les scènes de poésie folle et si triste. Sous la domination des fous de dieu, il est interdit aux femmes de se montrer, elles doivent être entièrement voilées et porter même des gants, noirs si possible. Il est interdit de chanter, de boire, de fumer. Il est interdit de jouer. Au ballon. Au foot. Les jeunes de ce petit bout du monde n’ont, en dehors de leurs portables, guère d’autres jeux en tête. Mais le ballon est interdit.
Itinéraire d’un ballon perdu qui dévale les rues en escalier de Timbuktu.
Et génial match de foot sans ballon.
Mais le 7 janvier, l’horreur s’est précipitée sur nous-mêmes. Massacre de l’équipe de foot joyeusement insolente de Charlie Hebdo. Et la suite. Le flic musulman achevé devant le journal par les Fous de Dieu intransigeants avec ce qu’ils brandissent comme les Lois du Prophète. Les Musulmans comme notre policier ne sont pas leurs Musulmans. Musulmans premiers victimes des Djihadistes. Et là le film Timbuctu résonne de façon infernale. Voilà ce que l’on veut nous imposer : le silence. Fini de rire. De chanter, d’aimer et surtout de Blas-phé-mer. Et on tuera tous les affreux comme le disait Boris Vian prévoyant.
A commencer par les Juifs, comme de bien entendu.
L’horreur du cinéma est dans la rue. Mais dans la rue sont les millions de Français qui disent non ! Arrêtons le massacre, arrêtons la connerie ! Car c’est la connerie qui fond sur nous. La connerie et la lâcheté. Ces gens qui tuent réclament le respect. Le respect de quoi ? De la connerie et de la lâcheté ?
Le respect des religions ? Je respecte toutes les religions, mais ne crois en rien. Les religieux donc, n’ont qu’à me respecter moi l’homme sans Dieu. Et me laisser dire, filmer, dessiner ce que je veux, d’eux et des autres. Le Droit au Blasphème est vieux comme la Révolution Française que le monde entier apparemment (ou presque) nous envie. Et nous ferons barrage à tous ceux qui veulent nous l’arracher.
Et non, Charlie n’est pas islamophobe ! Pas d’amalgames hystériques dans un sens comme dans les autres. Charlie se fout de ceux qui brandissent leur Dieu – et leur Prophète – pour nous réduire, pour nous éliminer. Qu’ils soient Musulmans, Chrétiens, Juifs ou Multinationalistes.
Prière de ne pas confondre.
Et allez donc voir le film dont je vous parle pour vérifier qu’au bout du compte ce sont bien les Musulmans qui sont les premières victimes de ces Djahado-musulmans là !
Et apprenons à nos enfants, à tous nos enfants le bonheur de la République et de la laïcité.

Tombouctou (ou Timbuktu)

Première sortie le 10 décembre 2014 (1 h 37 min)

Réalisé par Abderrahmane Sissako
Avec Ibrahim Ahmed dit Pino, Toulou Kiki, Abel Jafrietc