Portraits

Emmanuel Raffin

La recherche du lien sacré

C’est au retour d’un voyage au pays du soleil levant, qu’Emmanuel Raffin se passionnera pour cette discipline artistique venue des temps anciens.

Le bondage, ou shibari, que ce soit en langue anglo-saxonne ou japonaise, signifie attache.

Dès 2015, après avoir reçu un entraînement drastique par ses maîtres, Il consacre ses loisirs à la pratique de cet art, encore assez peu connu du grand public européen.

Ce qui frappe, dans la discipline artistique d’Emmanuel, c’est cette douceur ambiante, propice à la disponibilité des modèles, qu’ils soient féminins ou masculins.

La chorégraphie composée d’une gestuelle tout en douceur, posée sur une musique appropriée, transporte le spectateur qui retient son souffle, dans un espace d’intimité très spécial, lieu de transcendance, où se rejoignent les émotions et la recherche d’adrénaline, entre l’encordeur et l’encordé.

Lorsque nous abordons la symbolique même de cette corde, Emmanuel Raffin se montre intarissable sur les diverses précautions dont il entoure ses modèles.

La corde est réalisée spécialement avec des fils de jute ou de lin longuement torsadés, dans le but d’allier douceur et solidité.

Les nœuds sont réalisés par ses soins, dans une recherche de souplesse, proche du toucher de la peau humaine.

Au temps des samouraïs dans le Japon historique, les malfrats étaient soumis à cette sentence, en attente de leur jugement. Aujourd’hui, devenue acte de sensualité, elle affiche, entre rites et libertinage, une toute autre réalité.

Quand je lui demande si, approchant de si près l’acmé, lui arrive parfois d’être en proie à l’inquiétude, il me répond :

« Je suis toujours inquiet, mais en respectant à la lettre les différents centres nerveux du corps humain, il ne peut rien se produire de fâcheux ».

Lors de la délivrance de chaque modèle, j’ai constaté de manière palpable, un élan d’infinie tendresse entre les deux acteurs de cet étonnant spectacle.

Notre entretien touche à sa fin, le fil du temps étiré au maximum. Le moment est venu de se séparer.

C’est incroyable comme on s’attache !

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Mylène Vignon