Portraits

En visite chez Pasnic

L’atelier de gravures de l’excellence - en secret

Pasnic  c’est un de ces lieux mythiques de la pratique fine de la gravure, avec en prime cet indicible petit supplément d’âme. On y pratique la technique du carborundum, pas facile à réaliser avec ce résultat optimal. L’atelier est situé à l’extrémité d’un passage au charme bucolique du vingtième arrondissement de Paris. La porte s’ouvre en direct sur une atmosphère de parfum de labeur, comme on les aime à Saisons de Culture.

Pasnic: Un intitulé qui mérite quelques éclaircissements :

Pas, c’est Pascal Gauvard (absent le jour de notre visite) sans doute très occupé à ne pas se faire piéger par la redoutable presse «artistique».

Nic : c’est Nicolas du Mesnil du Buisson (bien présent au rendez-vous, mais l’esprit bougon et très occupé !) Les gravures rehaussées, via le Jardin des Délices de Jérôme Bosch revisité par Sophie Sainrapt, ça n’attend pas ! L’expo à la galerie Herzog c’est demain.

Vous mettez tous ces ingrédients dans un scheckeur, vous agitez vigoureusement le cocktail et vous avez PASNIC !

En fait, c’est à cause de James Coignard, à la fin des années soixante-dix, qui lorsqu’il avait besoin de leur passer des messages urgents, écrivait :

Cher Pas, peux-tu ajouter ceci…?

Cher Nic, as-tu bien annoté cela… ?

Tandis que le photographe et son assistant installent le matériel pour capturer les planches du livre de Jacques Villeglé – en prévision de notre première de couverture du printemps 2014 – je me permets de fourrer mon nez de chercheuse d’art inconditionnelle, dans les tiroirs qui contiennent des trésors cachés. J’y découvre Emmanuelle Renard, la digne fille de son père le regretté Coignard , Ladislas Kijno, Max Papart, Michel Haas, Jean-Pierre Pincemin, Jean Messagier, Monique Tello, et bien sûr, notre Sophie Sainrapt à qui nous devons ces moments inoubliables…que du bonheur!

Tandis que l’on fait sauter le bouchon d’un bon bordeaux classé, Je patrouille d’un regard circulaire, les murs entièrement recouverts de gravures exceptionnelles qui forment ainsi réunies, un curieux effet. Celle-ci, c’est l’épreuve d’une importante commande d’Hervé Dirosa, une bonne aubaine en ces temps tourmentés. Des semaines de travail pour l’atelier.

Pendant le déjeuner au bistrot d’à côté, je tente de prendre des notes sur l’histoire de cette initiative courageuse et atypique, née de deux personnages que manifestement tout oppose. Mais c’est là que l’alchimie prend le mieux, car la complexité des caractères s’avère irrationnelle lorsqu’elle se place au service du talent et des talents.

Quelques pauvres notes sur mon carnet plus tard – tant l’ambiance est festive et l’interviewé peu disert – retour à l’atelier où nous nous émerveillons devant une ancienne machine à l’allure très particulière. Nicolas nous explique que ce matériel lui a été offert par Lenda Crommelynk, la femme de l’imprimeur de Picasso. Je me sens comme une enfant devant la vitrine d’un magasin de jouets et ne peux résister à caresser cette étrange trouvaille tellement inattendue!

Ici, même la corbeille à papier est une œuvre d’art : photo de Sophie et moi de part et d’autre du couvercle signé,  que nous appellerons « les trois grâces de chez Pasnic », face à l’objectif d’un Woytek amusé et plutôt inspiré.

Nous quittons à regret les bonnes odeurs d’encre, de peinture et de papier en promettant de ne pas lâcher l’affaire à propos de Pascal (l’absent) la partie manquante du nom, que nous retrouverons au cours du vernissage passage Molière : ambiance vernis pas sage, dans un passage … pas trop sage.

Fin de l’histoire (Pour le moment)!

Mylène Vignon

www.pasnic.fr