Portraits

Francisque Bailly-Cochet : de l’art intemporel du carrousel.

En cette période des Fêtes, il n’est pas totalement incongru de distiller la magie de l’enfance dans les pages de Saisons de Culture, pourvu que l’intérêt artistique ou patrimonial soit établi…
Ce qui m’amène tout naturellement à y présenter Francisque Bailly-Cochet qui poursuit une aventure familiale initiée il y a près de 150 ans : les carrousels sur lesquels il veille, tournent depuis 1865 en France et au-delà de nos frontières. Les manèges qui faisaient autrefois tourbillonner leurs chevaux de bois dans les foires et fêtes foraines, apportent dorénavant une touche particulière à l’animation des centres-villes.

Francisque Bailly-Cochet a repris l’activité en 1991, à la suite de son père, et a augmenté le nombre de carrousels disponibles à la location. Mais Francisque, installé dans le Jura à Clairvaux-les-Lacs, est-il un entrepreneur comme les autres? « Les carrousels de père en fils se comptent sur les doigts de la main en France, c’est une passion » avoue-t-il. Un petit supplément d’âme lui est nécessaire pour faire perdurer la tradition des carrousels avec des créations « made in France », depuis la Prusse où les premiers chevaux de bois ont vu le jour au milieu du XIXè siècle, alors qu’aujourd’hui les principaux constructeurs se trouvent en Italie, en Hollande ou en Allemagne.

Si le travail du bois est une évidence dans le Jura, il aura fallu beaucoup de bonne volonté à Francisque Bailly-Cochet et l’association de 4 entreprises locales pour donner naissance en 2011, au terme de 300 heures de travail, à un manège sur le thème (magique…) de l’univers de Mary Poppins. En 2013, un autre carrousel « 100% Jura » est achevé, sur le thème du cirque cette fois.

Un succès qui ne ferait plaisir qu’aux enfants, en plus d’un soutien à la dynamique économique locale? Pas seulement, Francisque a su développer en parallèle de la dimension festive celle de l’événementiel ; il a mené à la rencontre culturelle d’un savoir-faire jurassien et de l’esthétique du 7è art ou du monde de la mode. Ses carrousels étaient présents au défilé Dior automne 2008 ou encore sur le tournage de plusieurs spots publicitaires ; ils sont dans les carnets d’adresses des sociétés de production comme Europacorp (Luc Besson en avait loué un pour son mariage il y a quelques années). Son premier manège « 100% Jura » inspiré par Mary Poppins a été loué pour un spot de publicité pour la télévision chinoise.

Si vous n’avez pas la patience d’attendre leur prochaine apparition à l’écran, rendez-vous pour les voir l’hiver au cœur du village de Megève, l’été à l’hippodrome de Deauville ; vous les découvrirez peut-être au détour d’une rue à Dijon ou à Neuilly-sur-Seine…

Adrien Perreau