Portraits

Michou

Le monde est bleu…

C’est à la Mascotte de Montmartre, que saisons de Culture a rencontré le prince des nuits parisiennes, par une belle soirée de printemps où le ciel avait revêtu le célèbre bleu Michou, pour la circonstance.

Magnifique et souriant, il s’est prêté avec générosité à cet entretien, ainsi qu’aux interminables séances de photos de Woytek, très inspiré par le sourire de la star de Paris.

A peine installé sur sa chaise personnalisée en bleu, Michou a imprimé le ton de la conversation en lançant avec cet humour qui lui est familier ;

Surtout, ne dites pas à ma maman que je suis homosexuel, elle ne le sait pas… !

Je promets de ne rien dire et on commence à travailler.

 

SdeC : Que représente pour vous, Montmartre ?

M : C’est mon village d’adoption, que j’adore et où je réside depuis mes années de jeunesse. Je suis né en Picardie et je suis monté à la découverte de Paris quand j’avais dix-neuf ans. J’ai alors commencé par faire plongeur à la Huchette, puis j’ai rencontré Huguette, qui m’a confié la gérance de son établissement que j’ai racheté à l’âge de vingt-cinq ans. Elle a été en quelque sorte mon Pygmalion, lors de ces années d’insouciance. On peut dire que la chance m’a sourie.

SdeC : Comment est arrivée l’idée de se déguiser en femmes ?

M : Nous étions trois copains, un soir de mardi gras, à avoir eu cette idée. Un journaliste, Edgar Schneider de Jours de France, nous a croisés et c’est comme cela que l’aventure est née, dans la rue.

SdeC : D’où vient le mythe de la couleur bleue ?

M : Un jour que je m’étais habillé tout en bleu, je me suis aperçu que j’avais beaucoup de succès. J’ai pris cela comme un porte-bonheur et ne l’ai plus quitté. Au contraire, je l’ai plutôt accentué. Â ce niveau, c’est presque de la provocation, vous ne trouvez pas ?

(Sourire)

SdeC : Cela produit quel effet, d’être reconnu partout dans Paris et même ailleurs. On dit qu’à Paris, il y a la Tour Eiffel et Michou, je ne sais pas si j’ai cité ces deux institutions dans le bon ordre, d’ailleurs ?

M : Ah, mais j’adore !!! On le vit très bien, c’est un réel plaisir pour moi, de croiser le regard des passants qui me sourient.

SdeC : Parlons un peu de votre cabaret, situé au 80 rue des Martyrs à Montmartre. Renouvelez-vous régulièrement les personnalités endossées par les artistes ?

M : Oui, bien entendu, mais je garde ces icônes que le public adore ; Mylène Farmer, Sylvie Vartan, Chantal Goya, Dalida…récemment, nous avons ajouté Zaz au répertoire.

SdeC : Michou, qu’attendez- vous encore de la vie ?

Qu’elle continue dans ces conditions. Que je puisse encore chaque soir à 20heures accueillir ceux que j’appelle mes amis en serrant la main de chacun d’entre eux. Je n’ai jamais pu me résoudre à prononcer le mot «clients». Ce sont réellement mes amis, car ils me procurent un véritable plaisir en franchissant la porte de mon cabaret.

On se quitte ici, car il est déjà 19h45 et Michou est une personne très ponctuelle, malgré son immense notoriété. Nous promettons d’aller dîner prochainement à sa «maison» afin de terminer le reportage-photo. Un au-revoir royal, dans un halo de reflets bleus, une présence que nous ne risquons pas d’oublier.

Pour informations : Michou a joué son propre rôle dans le film de Claude Lelouch « La bonne année » en 1973.

En 2005, on le retrouve dans un documentaire sur France 5 « Michou La vie en bleu » de Frédéric Lievin.

Un documentaire, long métrage de Rina Sherman est actuellement en cours de réalisation.

Mylène Vignon