Redaction

Feu de tout bois

Par Stéphanie Reynaud

Retourner sur les planches, les entendre craquer, les voir crépiter, les brûler dit-on, les réduire en cendres parfois, les cendres de l’état de grâce si possible, tenter d’effleurer l’étoile, l’impossible étoile…

La vanité et l’envie. L’humilité et la peur. Le rire et le frisson. Le fond et la forme. Le bois et le feu.

Retourner se mouiller dans l’instant, se jeter à corps perdu dans l’éphémère, savourer les mots, aérer le texte, le transpirer de tous ses pores, l’amener en terre inconnue, enflammer les silences, cent fois sur le métier remettre l’ouvrage, le bel ouvrage, le si bel ouvrage à incarner, à respecter, à partager, cent fois remettre le titre en jeu. En jeu !

Jouer, jouer toujours, jouer mieux qu’hier et moins bien que demain.

Ainsi soit la vie du comédien de théâtre, sûr de lui et incertain, entre le doute et l’élan, vivant pleinement cette vie hors du temps, cette vie plus courte plus forte plus dense, le corps mouvant de cour à jardin.

Rallumer le feu sacré, jour après jour, faire feu de tout bois.