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Martine Martine

L’obsession qui confirme la règle

En 2006, Martine Martine a répondu à la demande de Paul Métadier qui souhaitait un modelage du buste de Balzac. C’est après une longue période de réflexion que l’œuvre, in fine a vu le jour en Touraine.

Martine Lévy, alias Martine Martine a grandi dans une famille de collectionneurs. C’est probablement cette proximité – dès son plus jeune âge, avec la représentation d’un buste de Balzac par Rodin – qui a influencé la grande liberté avec laquelle elle traite sa  vision très personnelle de l’auteur de la Comédie Humaine.

Son Balzac à elle, me fait penser à l’écriture manuscrite de l’écrivain exigeant autant qu’hésitant – casse-tête perpétuel de l’éditeur qui s’épuisait à décrypter les ratures, les repentirs, les auto-caviardages et autres fantaisies balzaciennes, au fil des interminables  lignes. Que de mercis nous lui devons d’y être parvenu.

Un ami qui vit en Pays de Loire, auquel j’avais confié le souhait de me rendre à Saché pour y  poursuivre mon feuillet commencé au musée des Beaux-Arts de Tours, a tenté une mise en garde en me souhaitant bon courage, tant il trouve le sujet difficile. J’ai souri en lui répondant que je n’avais pas spécialement vocation à viser les cibles les plus accessibles.

Pas si facile,  effectivement de décrypter l’écriture de la sculpteure. Il faut connaître l’art de l’anamorphose et savoir se faufiler derrière le visible à la rencontre du chaotique silence des signes… Derrière les lignes de force se dissimule la vraie beauté.

De cette commande pour Métadier, est née une série de lavis, dessins, peintures et linogravures… Une œuvre qui ne sera probablement jamais clôturée, car elle ne peut souffrir d’être interrompue. On y découvre un Balzac émouvant, à la figure déformée dans une version parodique de ses traits accentués jusqu’à la démesure. Une démesure qui sonne comme une nécessité de faire ressortir à son paroxysme le génie littéraire exponentiel du personnage et toute son humanité, comme dans une comédie contemporaine, riche de théâtralité.

L’artiste confie avoir travaillé en écoutant Tannhäuser de Wagner dans une divine interprétation de Lorin Maazel et c’est au moment où précisément je découvre cette note imprimée sur le mur de la salle des bustes du musée Balzac, que j’apprends le départ de l’  immense virtuose, pour l’autre rive du temps !

Visionnaire ?

Impossible pour une personnalité aussi  affirmée que Martine Martine de proposer, suite à la réalisation du Balzac de Rodin –  controversé par la critique en son siècle –  une représentation mièvre du pensionnaire de la Vallée du Lys. Plus que jamais, Balzac a été « honoré » par cette incroyable plasticienne qui a su s’imposer dans le monde très verrouillé, des plus grands artistes de notre époque.

Mylène Vignon

A voir au Musée des Beaux-Arts de Tours
Au Musée Balzac de Saché
Balzac jour & nuit
Jusqu’au 28 septembre 2014

Dossier de presse