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Germaine Richier au Centre Pompidou

Par Henri-Hugues Lejeune

Sait-on au juste pourquoi, et, lorsqu’on s’en avise on est bien en peine s’il nous faut l’expliquer, la  renommée, la simple notoriété artistique se fait plus ingrate, peu abordable pour les sculpteurs par exemple que pour les peintres, pour les femmes que pour les hommes : jugez de ce qu’il en sera s’il s’agit d’un sculpteur et qui est en même temps une femme : c’en est au point qu’il n’y a pas vraiment de féminin à sculpteur : on dira plus volontiers d’une femme qu’elle est sculpteur que sculptrice si tant est qu’il ait été donné au mot un féminin ?

Ajoutez à cela qu’un sculpteur est supposé être un personnage physiquement vigoureux et puissant voué à la matière et à la solidité des êtres et des choses qu’il traduit et vous ne pourrez que conclure que, de par quelque étrangeté,  il est à peu près interdit à une « faible femme » d’être un sculpteur, d’une fragilité physique certaine qu’elle montrera par la relative brièveté de sa vie comme de sa carrière dans une époque troublée et, pour elle, parfois difficile.

Ce qui est remarquable, c’est que cette volonté d’être sculpteur et donc artiste saisie dès son plus jeune âge, l’orienta ainsi vers l’Ecole des Beaux-Arts de Montpellier (sa région natale) puis vers l’Atelier à Paris de Bourdelle où elle rencontra son premier mari, l’un de ses assistants.

Cette exposition, qui suit tout au long sa relativement longue carrière pour une si courte vie, démontre à quel point tout ce qu’elle va y voir, y trouver, y rêver et y imaginer, elle se l’appropriait.  Et s’il se pouvait, elle se le traduisait à elle-même avec une liberté et une originalité certaines, on oserait à peine dire ingénues,  tant elles lui paraissent être « naturelles » alors qu’elles ne le sont plus du tout, mais là plus du tout ! Ce qu’elle sait fort bien, par le fait. Elle était, si l’on ose dire, d’un surréalisme naturel, organique, qui ne devait rien à personne sinon à une sorte d’esprit de caricature très personnel et original qui surtout, surtout, ne devait ressembler à rien mais suggérer le plus et le mieux possible. C’est tellement peu attendu que l’on n’oserait paraître s’en formaliser.

Et, ayant franchi le pas, s’y intéresser et l’apprécier comme je le pense, il le mérite.

 

Centre Pompidou

Du 1er mars au 12 juin 2023