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Mr Gaga, sur les pas d’Ohad Naharin

Par Katy Sroussy

Chef d’œuvre du genre, le documentaire de Toner Heymann, produit par son frère Barak, irradie de force et de beauté.

Ce film fut présenté en avant-première lors du 16°Festival du Cinéma Israélien à Paris.

Mr Gaga retrace le parcours fascinant à travers le monde et en Israël, du directeur de la Batsheva Dance Company, Ohad Naharin, homme de tous les superlatifs.

Danseur hors norme, en quête de la grâce du moment plus que de la perfection, il est l’inventeur d’un langage chorégraphique unique, Gaga, synonyme de libération.

Toner Heymann fut bouleversé en 1990 en découvrant Wall (Kyr) une pièce de Ohad Naharin. Depuis, Toner le considère comme son héros culturel et n’a eu de cesse de vouloir le filmer.

Ce projet, Mr Gaga, ne fut pas évident à réaliser car Ohad Naharin, son protagoniste, a longtemps refusé les caméras dans son studio de danse. Mais au fur et à mesure, la confiance s’est installée entre eux deux, leur collaboration a pu commencer d’abord à l’étranger, aux Etats unis, en Suède, au Japon, aux Pays Bas, en Belgique, en Grèce et en Israël.

Toner a suivi la prestigieuse compagnie pendant huit ans, il eut la chance de dévoiler l’intimité du chorégraphe qui accepta de lui confier ses propres archives inédites, de véritables trésors :

des images de son enfance, de ses premières auditions, des enregistrements historiques, ses engagements politiques humanistes et sa vie de famille.

Ohad Naharin a beaucoup travaillé à New York où il rencontra sa première femme, Mari Kajiwara, danseuse japonaise, étoile de la compagnie Alvin Ailey. Ils ont vécu et travaillé ensuite en Israël où Mari a disparu prématurément. Malgré sa douleur extrême, Ohad a poursuivi ses créations chorégraphiques qui retranscrivent souvent les excès du monde actuel.

Avant la fin du tournage, Toner apprit qu’Ohad allait être père, il fut autorisé par la suite, à filmer sa petite fille et sa maman, elle aussi, danseuse japonaise. C’est le plan final du film, empli d’émotion.

La technique Gaga s’appuie sur la connaissance et la conscience des limites du corps, elle permet à chaque danseur de les ressentir et de les dépasser. Ellemet en exergue sa personnalité, le pousse à retrouver son instinct libéré, en le connectant avec son inconscient pour rechercher au fond de soi, les émotions profondes. Natalie Portman parle du plaisir inoui qu’elle a éprouvé en découvrant la méthode Gaga, en travaillant avec Ohad et elle en loue ses bienfaits.

Le mouvement est rapide, énergique, multidimensionnel, imaginaire, puissant, doux et explosif à la fois. Gaga délivre le corps de ses contraintes institutionnelles mais veut atteindre l’excellence.

Toner a tourné ce film avec une passion infinie.

Il transmet au spectateur son immense admiration pour ce génie de la danse contemporaine grâce à son sublime documentaire, porté par le rythme enivrant et revigorant des percussions, ponctué par la magnifique voix grave de Ohad Naharin.