Lettres

Michel Jamet

Par Jean Renaud

À l’œuvre, La toile au risque de la peinture

Michel Jamet est peintre. Mais il est aussi philosophe, et ne l’est pas pour rien. Il consacre ce livre à sa pratique de peintre. La peinture, donc, comme objet de réflexion, mais d’une réflexion qui procède tout entière, d’un désir et d’un travail. Non pas tant envisagée de loin, de façon générale, théorique, conceptuelle, que comme pratique singulière.

Ce pourquoi ce livre, tout en rencontrant les grandes questions, toujours irrésolues – la « vérité », la ressemblance, le motif, la composition –, est aussi un récit. Michel Jamet entreprend d’éclairer, autant qu’il est possible, ce qu’est ce geste, et d’abord ce désir, qui est le sien, et que d’aucuns tiennent pour simple, de peindre. Peindre au sens intransitif, comme on dit écrire, sans savoir exactement où ce désir conduit, sans savoir l’objet qu’il va se donner, ou trouver. D’où la place donnée, d’une part, aux injonctions, aux contraintes rencontrées en chemin et, d’autre part, à tout ce qui est de l’ordre, inévitable, de l’artisanat : le matériel, la toile, les dimensions, les outils, les lieux où installer le chevalet, jusqu’au temps qu’il fait. Et puis, non moins inévitable, l’affaire commerciale, l’exposition, les galeries, etc. À quoi s’ajoutent, ici et là, des considérations précises sur tels peintres : les autoportraits de Rembrandt, par exemple. Puisqu‘on n’est pas peintre si on ne fréquente pas les musées. Voilà un livre aussi simple que profond.

Á l’œuvre, La toile au risque de la peinture

Éditions L’harmattan