Lettres

Le dormeur de Didier Da Silva

Par Mylène Vignon

Un essai écrit sur  le film de Pascal Aubier, d’après Le Dormeur du Val d’Arthur Rimbaud par Didier Da Silva, qui se lit comme une mini biographie. Il révèle la cartographie de ce court métrage, tourné en un plan-séquence long de huit minutes et demi  – totalement acrobatique – en l’été 1974 par Pascal Aubier dans les Cévennes. L’auteur tombé amoureux de ce film, dans une écriture passionnée , nous invite à nous interroger sur ce que nous faisons tous, ce fameux été 1974.
Nous retrouvons avec émotion autour du jeune réalisateur de 31 ans, son ami Jiji Flori,  et  Rachid Diafi, sans oublier la présence active de la fameuse Louma, – la caméra  au long bras articulé- sans laquelle rien n’aurait existé.
Extrait:
« De verts feuillages envahissent L’oeil, des champs d’oiseaux, l’oreille. L’oeil plonge alors dans le sol brun-rouge lui même presque entièrement plongé dans l’ombre, n’étaient quelques taches de lumière, et le son d’une eau qui ruisselle précède de peu, l’apparition de diverses pierres grises, certaines frottées de mousse, dans le lit d’une rivière que L’oeil longe un instant avant de saisir, en s’élevant à peine, un arbuste élancé et gracile dont les baies sont si rouges qu’elles en semblent irréelles. L’oeil en frôle le faîte, hésite une seconde parmi les feuillages, se tourne légèrement vers la gauche, puis se ravise et fond, tandis que surgissent devant lui les quatre bras d’un tronc grisâtre, vers un tapis de feuilles mortes égayées de maigres touffes d’herbe et surtout, comme en faction devant une pierre isolée, l’un rubicond l’autre orangé, qui seraient de premiers personnages si l’oeil ne les dépassait pas pour s’élever franchement dans l’ombre verte des feuillages, y errer un moment (…) »
En couverture: l’Homme blessé de Gustave Courbet.
MAREST éditeur CNL ( Centre national du livre )
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