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Takis au Palais de Tokyo

Par Henri-Hugues Lejeune

Les commencements exercent sur l’esprit des hommes un attrait… magnétique.

Ainsi en est-il à nos yeux de Takis dont l’exposition « Champs Magnétiques » au Palais de Tokyo évoque l’invention du mouvement invisible à travers la rétrospective de ce grand artiste âgé aujourd’hui de 90 ans.

L’art a toujours été fasciné par le mouvement et a tenté avec succès au cours de son histoire de se l’incorporer par tous les moyens possibles: statues automates, jeux d’eau, des vents, de miroirs, capture de rayons lumineux etc.

Dès son arrivée à Paris dans les années 1950, ce Grec a choisi d’explorer dans son oeuvre cette invisible énergie et a intégré à la démarche sculpturale qui est et reste la sienne le mouvement, la lumière, la musique etc, combinés à l’usage des aimants. Il s’est tout au long montré « savant intuitif’, ne cessant de chercher à capter l’énergie cosmique en mariant l’art et la science.

Au seuil de l’univers artistique sans limite qui s’est ouvert avec les progrès fulgurants des fibres optiques, des éclairages à basse ou haute tension, de l’électronique et qui feront à coup sûr de la lumière et de ses jeux un art majeur de demain, il est à la fois émouvant et enrichissant de revoir aujourd’hui les démarches historiques et les intuitions de Takis qui ont jalonné toute la seconde partie du XXème siècle et de pouvoir ainsi approfondir le message qu’elles nous transmettent.

La complexe étape des « Télélumières » qui apparaissent dès 1960, dans leur complexité, avec leurs grosses ampoules ventrues qui renvoient à l’archéologie de l’électricité, évoquent un temps où l’électronique n’existait pas encore, avec leurs lampes sous vide où le mercure fait fonction de conducteur vers les électrodes!

Cette couleur bleuâtre émise par la luminescence des électrons frappant le liquide en fusion est, nous dit Takis, « la couleur du vide, celle que l’on voit dans le ciel, un microcosme de l’Univers ».

L’allure de ces oeuvres est étrangement anthropomorphe et semble émaner d’une machinerie de l’intelligence et de ses mécanismes.

Cette exposition fait penser autant que rêver!