Lettres

Réponse à une enquête

Par Monique Stalens

Bonsoir, Voici ma réponse à une enquête que j’ai reçue au sujet du « métier » de comédien.

…Depuis le début de son existence, l’Atelier Théâtre Monique Stalens, s’est  déclaré « atelier de théâtre AMATEUR ». C’est même une revendication qui nous permet de rester un THEATRE PAUVRE avec tout ce que cela suppose de risque et  de liberté…

Sans l’existence de ce genre de théâtre pauvre, et des troupes  scolaires,  il n’existerait pas du tout de théâtre…
On rencontre le théâtre par hasard, par chance, grâce à sa famille ou à l’école… Ce n’est pas juste, c’est la vie… De la même façon, on trouve ou on ne trouve pas la littérature,  la peinture, la musique ou la danse, les religions…
Prof de Lettres,  mon activité théâtrale amateur  a -j’ai eu de la  veine-  existé parallèlement à la pédagogie et j’ai toujours eu la chance de rencontrer des aspirants artistes en formation, plutôt jeunes, prêts à se risquer dans une démarche de recherche intérieure ou, « bêtement » d’amusement un peu fou…
C’est une recherche qui commence dans l’enfance, comme celle d’écrivain, de poète, de philosophe, une  réflexion, un goût attachés aux grands textes, et aux Grands Maîtres. Une attirance… Pour commencer, en ce qui me concerne,  une boulimie de lectures.. On est prêts  à se risquer dans toutes sortes d’aventures… Prêts  à en payer le prix… Sans aucune sécurité… On rencontre  des personnes plus ou moins expérimentées, d’un caractère particulier, assoiffées de beauté et de vérité qui se sentent bien à  lire et à jouer Molière ou Shakespeare pour un public de hasard,  au risque de l’échec, du ridicule. Il ne faut pas avoir peur   de devoir s’exercer par des répétitions et des exercices avant l’épreuve de  représentations de hasard. On fait ses gammes…
Moi j’ai eu la chance d’être inscrite par ma mère aux Jeunesses Musicales de France qui m’emmenaient voir les merveilleux spectacles du T.N.P de Jean Vilar et Gérard Philippe, Alain Cuny, Maria Casarès…
En général on a commencé dès le berceau à « jouer », à imiter la vie, à parodier des situations dont on est le spectateur familier. Ensuite votre imagination vous entraîne  dans des variations et, stimulé par le plaisir de l’invention, vous créez un univers dont vous êtes le metteur en scène… Moi je jouais avec des cartes, le Roi, la Reine, le Prince, les rôles que m’inspiraient les scènes familiales tragi-comiques, angoissantes et drôles… C’était inspirant… Pas du tout enfantin… Cela me faisait du bien.
Voilà comment ça se passe pour moi. En ce moment, nous allons répéter « Yvonne, Princesse de Bourgogne » de Witold Gombrowicz. »
Bien à vous.
Monique Stalens