Regards

Entre Cornouaille et pays Bigouden

Par Thierry Berthé

Après vous avoir entrainés récemment autour de cap Sizun et de l’île de Sein, je vous propose de poursuivre la visite du Finistère sud en Cornouaille et au pays Bigouden, avec Bénodet pour camp de base. Ce périple débute par la “Ville-close” de Concarneau, blottie au cœur du port. Ce rocher fortifié dès le 13ème siècle, occupé 30 ans par les Anglais, fut délivré par du Guesclin en personne. La citadelle fut remaniée par Vauban “of course”. De bon matin, les rues y sont bien calmes et la chapelle de la Trinité (16ème siècle) se dore au soleil fragile.

Nul ne peut fréquenter ces contrées sans rallier l’archipel de Glénan, célèbre depuis 1947 pour son école de voile comme pour ses aux limpides et cristallines qui donnent l’illusion de fréquenter les Caraïbes. Laissons-nous porter par cette atmosphère tropicale au milieu des sept îles qui le composent. On peut y admirer le Phare de l’île Penfret et le fort Cigogne alors que les bateaux de l’école de voile sillonnent la Chambre, petite mer intérieure aux eaux bleues et vertes.

 

A l’embouchure de la ria de l’Odet, la cité balnéaire de Bénodet, bien établie rive gauche, se blottit autour de son église Saint-Thomas (13ème siècle) et, dans un décor magnifique, offre toute la palette de la station balnéaire. Le hameau du Letty permet l’accès à la curieuse “mer blanche”, lagune fermée par une langue de sable immaculé, alors qu’en rive droite, le hameau de Sainte-Marine révèle ses modestes trésors.

 

Vers l’ouest, passé le port de Pont l’Abbé, capitale du Pays Bigouden – dont le château verrouille l’estuaire d’une ria – la côte découpée permet de porter son regard vers l’Île Tudy et le curieux phare à damiers de la Perdrix. Longer la côte mène au charmant port de Lesconil, naturellement abrité à l’embouchure du Ster qui serpente entre dunes et plages sablonneuses. Les modestes bateaux multicolores y permettent la pêche du homard. Rallions dès lors l’important port du Guilvinec dont la flotte bigarrée pêche hardiment la langouste et la langoustine après avoir “chassé le maquereau” pendant des décennies. Nous y sommes accueillis par un florilège de couleurs où le rouge domine.

 

Face au grand large, sur la pointe Saint-Pierre de Penmarc’h, le phare d’Eckmühl dresse ses 65 m de sombres pierres de kersantite, éclairant jusqu’au Glénan et à l’île de Sein. Il porte curieusement le nom de la sanglante bataille remportée par le maréchal Davout, devenu Prince d’Eckmühl et dont la fille en finança largement la construction. Quittons alors la côte atlantique en passant un instant par saint-Guénolé célèbre pour la plage de la Torche, paradis des surfeurs.

 

Bien accrochée à sa montagne éponyme, Locronan domine la baie de Douarnenez. La cité, fondée par Saint-Ronan au 10ème siècle, fit fortune 500 ans plus tard dans l’industrie des toiles de marine nous laissant de belles maisons de granit. L’église romane, à la tour carrée et richement décorée, accueille le gisant du saint fondateur. Au sommet de la montagne de Locronan trône une petite chapelle, haut lieu de passage du pèlerinage annuel de la “Troménie”.

 

Pas de séjour en Cornouaille sans rendre visite à sa capitale Quimper. Après avoir remonté le paisible Blavet, la cathédrale Saint-Corentin, enchâssée dans la cité médiévale, s’offre au visiteur. Bien qu’une des plus anciennes de Bretagne, elle ne fut dotée de ses célèbres flèches de dentelle que sous Napoléon III. Le riche portail ouest (15ème siècle) porte une belle rosace et la chaire (1679) expose des médaillons sculptés relatant la vie de Saint-Corentin. Les vitraux de la nef furent réalisés au 15ème siècle par un atelier quimpérois.

La cité médiévale qui honore Laënnec enfant du pays, nous propose de belles maisons alternant granit et colombages colorés, datées la plupart du 15ème siècle. Elles peuplent les ruelles aux noms évocateurs : rue Kéréon (cordonnier), place du Beurre, rue des Gentilshommes ou du Chapeau rouge… Quimper demeure un haut lieu de la faïencerie. Près de ND de Locmaria et son cloître roman du 11ème siècle, juste en aval de la vieille ville au bord de l’Odet, fonctionne toujours la faïencerie Henriot dont la célébrité traversa le monde, allant bien au-delà de ses “bols avec prénom”. Le savoir-faire y est toujours bien présent.

 

Vers le nord, juste au-delà de la Cornouaille, autorisons-nous une incursion près de Brest en montant au Menez Hom (330m). Extrémité occidentale des Montagnes Noires, il domine la rade de Brest, la baie de Douarnenez, la vallée de l’Aulne et porte un regard unique vers la presqu’ile de Crozon. Incontournable ! A son pied, se blottit la merveilleuse chapelle de Sainte-Marie du Menez Hom. Bâtie au 16ème siècle et située au cœur d’un enclos paroissial, elle abrite un somptueux et impressionnant autel flanqué de deux retables latéraux, le tout érigé au 17ème siècle.

 

Le chemin du retour par la belle route du centre Bretagne autorise un arrêt au lac artificiel de Guerlédan ou le calme et la solitude sont garantis.

 

Décidemment la Bretagne recèle bien plus de mille trésors. A vous d’en profiter.

 

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Thierry Berthé est Géographe, Membre d’Asnières Passion Photo 72, ancien délégué régional et départemental de la Fondation du patrimoine.