CONTRASTES -Alexandre ANOSOV & Didier HAGÈGE
Propos recueillis par Mylène Vignon
Photographies et peintures
Contrastes : entre l’ombre et la lumière, entre la rigueur du noir et blanc et la vibration des couleurs, l’art révèle ses tensions intimes. Là où Anosov creuse la matière du silence, Hagège fait éclore le chant du visible.
Moufida Atig
L’art noir et blanc d’Alexandre Anosov
L’imaginaire d’Alexandre Anosov est simple et nu comme la steppe. Il est d’une profondeur d’horizon, empli de la force des éléments premiers de la nature : la roche, l’arbre, le nuage. Et ces éléments reliés, plutôt que séparés. Il n’y a aucun ancrage dans le pittoresque sibérien, il n’y a pas de séduction immédiate de l’insolite local, mais la volonté d’unir la condition humaine aux puissances élémentaires de l’univers. A peine peut-on pressentir, dans la tension des contrastes, une dramatisation flottante, la proximité d’une tragédie, la présence intime des contradictions qui agitent la vie profonde. Sur le fragile support d’un simple papier de photographie ce n’est pas l’extinction des forces vitales que montre Alexandre Anosov, mais l’éveil renouvelé de ce qui transforme l’univers : ce qui rapproche l’arbre de la roche, le silence des grands espaces et le mariage des puissances qui rendent la terre habitable.
Les couleurs d’art de Didier Hagège
L’effervescence chromatique et gestuelle est son territoire de création de Didier Hagège. La main et la couleur s’étreignent en harmonie cosmique et tendue dans la mouvance intime, constante et poreuse de l’être. Son abstraction habitée provoque la salutaire prise de distance avec le monde saturé des fragiles images. Elle restaure les grandes énergies de la libre création. Infinis sont les passages en ce pays d’aventureuse abstraction au lyrisme sans frontière. Les lumineuses couleurs de Didier Hagège représente les zones mentales inexplorées de l’humanité, et le maelstrom tendu des vies libérées qui rejoint les forces vives de l’univers. Saisissante présence d’intimes sources convulsives, venues soudainement du fond des âges pour faire remède aux fatigues de la modernité. Et chaque peinture est une secousse. Art de fulgurances solaires où la tache indomptée accidente l’étendue.
Christian Noorbergen
Alexandre ANOSOV
Alexandre Anosov est né en 1951 à Oulan-Oudé, en Sibérie. Il a étudié à l’Institut des langues étrangères d’Irkoutsk et s’est consacré à la photographie artistique dès 1965. Ses premières expositions ont eu lieu dans les années 1960, tant au niveau international qu’en ex Union Soviétique. Après une interruption de vingt ans de ses expositions, on peut de nouveau voir son travail à partir de 1994, notamment en France, puis à partir de 1998 en Russie et dans d’autres pays.
Anosov a représenté la photographie sibérienne lors d’expositions à Séoul en Corée, et en France à Paris et en Haute- Savoie.
L’Association des amis d’Alexandre Anosov gère la promotion de son œuvre.
Didier HAGÈGE
Né en 1961 à Paris, Didier Hagège commence à travailler dans l’atelier d’Henry Goetz au début des années 80. Il remporte le prix extramuros de la Villa Médicis en 1985, puis s’installe à Pietrasanta pendant plus de douze ans où il peint et travaille la gravure aux côtés d’artistes venus du monde entier. Dans les années 1990, il obtient le prix israélien Mishkenot Sha’ananim, effectue une résidence à Jérusalem et com- prend rapidement que le voyage est essentiel à son inspiration. Il travaille dans l’atelier de Robert Stern à New York, puis explore l’Afrique de l’Ouest et le Maroc. En 2015, il séjourne à Pondichéry en Inde, dans l’atelier d’Emmanuelle Renard. Son travail procède d’une superposition délicate de collages, de peinture, de gravure et de résine, créant un effet étonnant. Ses œuvres sont nourries de ses voyages.
À chaque étape de sa vie créative correspond un lieu, un atelier. De nombreuses expositions collectives jalonnent son parcours et plusieurs de ses œuvres sont entrées dans des collections privées. Aujourd’hui, il vit et travaille à Paris.
Commissaires de l’exposition : Moufida Atig et Christian Noorbergen
Du 11 juin au 5 juillet 2025
Galerie Terrain Vagh – 24 rue des Fossés Saint – Bernard Paris 5eme
(Du mardi au samedi de 14h à 19h et sur rendez-vous)