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Le Mystère Cléopâtre

Par Mylène Vignon

L’Institut du Monde Arabe présente une importante exposition consacrée à Cléopâtre, la dernière souveraine des Ptolémées.

Un peu d’histoire :

Cléopâtre voit le jour à Alexandrie, alors capitale prestigieuse du royaume des Ptolémées, en 69 avant notre ère. La ville avait été fondée deux siècles et demi plus tôt par Alexandre Le Grand, roi de Macédoine. À la suite de la mort du conquérant, le pouvoir revient à Ptolémée, un de ses officiers, qui crée la dynastie égyptienne éponyme. Cette dynastie va régner près de trois siècles, jusqu’à Cléopâtre ; septième et dernière souveraine de cette grande lignée royale. Quand elle vient au monde, son père Ptolémée XII, à peu de choses en commun avec ses glorieux ancêtres, mis à part sa richesse : son royaume étant alors devenu une sorte de protectorat romain.

L’enjeu pour Cléopâtre VII sera de maintenir l’autonomie de l’Égypte. Fine diplomate, cette dirigeante politique compétente et habile, évolue dans un monde dominé par les hommes, dans une période de crise incessante. Parfaitement consciente de l’irrésistible montée en puissance, tant politique que militaire de Rome, elle noue des liens sentimentaux et stratégiques, avec Jules César, puis Marc Antoine. Après avoir éliminé ses concurrents avec lesquels elle régnait (ses frères époux Ptolémée XIII puis Ptolémée XIV), elle associe au pouvoir Ptolémée XV César, dit Césarion, le fils qu’elle a engendré avec Jules César. Plus tard, trois enfants naîtront de Marc Antoine.

Vaincue à la bataille d’Actium par Octave, Cléopâtre se suicide en août 30 avant notre ère, pour éviter de devoir se soumettre, mettant ainsi un point final à la dynastie des Ptolémées.

Après 1500 ans d’ignorance collective, Cléopâtre réapparaît avec la Renaissance : les œuvres et les textes des écrivains comme Shakespeare, la représenteront incarnée et polularisée par la mythistoire de Sarah Bernhardt à Liz Taylor…

Le cinéma ne sera pas en reste, dès 1899, la première à l’incarner est Jehanne d’Alcy dans le court métrage à trucage de Méliès. En 1917, c’est Theda Bara qui fixe son image érotique et fatale sur les écrans. Puis d’autres actrices charismatiques imposent la Cléomania dans des productions à grand spectacle, avec leurs somptueuses gardes-robes et leur maquillage anachronique : Claudette Colbert (1934), Vivian Leigh (1945), Sophia Loren (1953)et surtout Liz Taylor (1963). Ce rôle mythique fixera les codes cléopâtriens dans la mode, le design, la culture Pop, la BD et s’étendra jusqu’à la publicité.

Icône féministe, la renommée de Cléopâtre dépasse aujourd’hui de très loin celle des hommes qui ont partagé sa vie où s’étant opposés à elle.

L’art contemporain est également présent dans cette scénographie très complète. Cinq artiste femmes se sont penchées sur cet incontournable sujet avec une touchante sororité, en avant-garde rapprochée, pour réhabiliter l’image que les hommes en l’hypersexualisant avec une misogynie objectifiante, ont voulu nous imposer.

« Le nez de Cléopâtre : s’il eut été plus court, toute la face de la terre aurait été changée. »

À l’époque de Blaise Pascal, le nez long était une preuve de beauté.

L’œuvre en marbre de l’artiste Esmeralda kosmatopulos, le révèle à la perfection en multiple profil, au moment clé de l’exposition.

Le mystère Cléopâtre, c’est d’avoir su rester au centre, tout en laissant planer l’obscurité sur tous les côtés. C’est d’avoir focalisé toutes les aspirations pour donner à croire que l’impossible est possible.

L’évènement est placé sous le commissariat général de Claude Mollard, conseiller spécial du président Jack Lang. Claude est également photographe plasticien, auteur des Origènes et en feuilletant l’un de ses catalogues Hors-Série Beaux Arts, paru en 2015 à la galerie Capazza, qui expose ses œuvres actuellement, j’ai remarqué un triptyque accompagné d’un texte sur Cléopâtre, qui aurait parfaitement sa place parmi les créations contemporaines exposées in situ.

Crédit photo : Alice Sidoli (Institut du Monde Arabe)

Exposition – évènement visible du 11 juin 2025 au 11 janvier 2026

Institut du Monde Arabe

1, rue des Fossés Saint Bernard Paris 5e

Salles d’expositions temporaires (niveau 1 et 2)

Fermeture le lundi