Evenements

Couleurs d’une époque

Par Ghislaine Lejard

L’œuvre oubliée de Jean Sala (Juan Sala) revit actuellement dans le beau cadre du musée Boesch au Pouliguen face à la baie de La Baule. Ce musée est le  legs des époux Boesch à la ville de La Baule, une maison indépendante accueille des artistes en résidence.

Du 3 juin au 23 août 2023, le public pourra découvrir 70 œuvres de Jean Sala (1869-1918) qui pour la plupart appartiennent  au petit-fils de l’artiste.

Jean Sala est né le 4 février 1869 à Barcelone, après des études aux Beaux- Arts de Barcelone, il s’installe à Paris dès ses 20 ans et s’inscrit à l’Académie Colarossi que fréquentent Rodin, Gauguin, Modigliani, Camille Claudel.

Un portraitiste

Très vite, il se distingue comme portraitiste, ses modèles sont multiples, familiaux, personnalités du Tout Paris et du spectacle ; des notables mais aussi des anonymes. Jean Sala maitrise la technique du pastel dont les tonalités douces donnent l’éclat aux portraits qui s’inscrivent dans la grande tradition de la Belle Epoque. Cette tonalité douce irradie le très beau portrait de la nièce de l’artiste, Juliette et  sa fille, une huile sur toile de 1907 ou cet autre portrait d’une marchande de rue, La jeune fille aux mimosas (1897) tout en délicatesse, dont la gamme des couleurs joue sur le contraste du jaune lumineux du mimosa et le brun du châle qui recouvre la tête et les épaules de la jeune fille et permet de mettre en valeur l’éclat de la peau et la douceur du regard, un regard qui traverse la toile et nous rencontre par-delà le temps.

Saisir les instants

Jean Sala sait capter les instants du quotidien, il donne à voir des scènes de rue, des scènes de vie comme ces voyageurs dans un train, En train de plaisir, huile sur toile (1893) ou La marchande de fleurs sur le Pont-Neuf (1900),  des peintures réalistes et saisissantes pour des  moments pris sur le vif. Aucun misérabilisme dans ces scènes qui dressent le portrait du petit peuple, les couleurs contribuent à la sérénité des scènes.

Un témoignage d’une époque

C’est bien cette Belle Epoque que nous donne à voir le peintre, une époque festive où tout semble possible dans le domaine social ou culturel, on découvre les plaisirs du bord de mer, du casino, mais aussi les plaisirs du sport comme le patinage, le sport que les femmes commencent à apprécier, ce que symbolise le portrait de la joueuse de tennis, un portrait choisi pour être l’affiche de l’exposition.

Un peintre qui n’oublie pas ses racines

A cette époque, beaucoup de peintres espagnols attirent l’attention de la critique artistique et pas seulement le plus emblématique Pablo Picasso. En mai 1909 Jean Sala présentera au salon du Figaro une exposition Grenade et ses gitanes qui sera accueillie avec succès. Cette même année l’exposition sera présentée à Londres à la Continental Fine Art Gallery.

Un objet est représentatif de la féminité espagnole, on le retrouve dans Portrait de femme à l’éventail rouge. On peut aussi admirer dans une vitrine, deux éventails peints à la gouache par Jean Sala Les fiancés andalous et Scène d’intérieur.

En Bretagne

Jean Sala fait la connaissance de Louis Lefèvre-Utile le fondateur de la biscuiterie nantaise qui possède une villa à La Baule, l’artiste dessinera cette baie de La Baule ; il va travailler pour l’industriel comme affichiste et illustrateur. Une très belle affiche est réalisée pour les fameux gâteaux Paille d’or. Il découvre la Bretagne, de la Bretagne sud au Finistère, une découverte riche en créations de paysages : Le port de Dieppe (1909) et de portraits : La mariée de Quimper (1908).

 

Jean Sala est peintre du bonheur, sa peinture est sereine à l’image de Paris quand la ville était capitale de l’art et que l’époque prospère pouvait faire croire que les jours heureux ne cesseraient pas. La Belle Epoque comme un temps suspendu d’insouciance … avant l’horreur de la guerre qui frappera les dernières années de la vie du peintre décédé en 1918 et qui marquera durablement la France et l’Europe.

Une époque disparue dont l’insouciance et les couleurs se sont estompées. Une époque aux couleurs douces qui pour le temps d’un été revit au musée Boesch.

 

Exposition : Couleurs d’une époque Jean Sala du 3 juin au 23 août

Musée Boesch 35, rue François Bougouin 44510 Le Pouliguen

Ouvert tous les jours sauf le lundi de 14h à 18h30 le week-end 10h-12H et 14h-18h30

Un catalogue raisonné a été réalisé par Mireille de Lassus : Jean Sala 1869-1918