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Fondation Van Gogh à Arles

Par Sophie Sainrapt

Niko Pirosmani – promeneur entre les mondes.
Vincent Van Gogh – vitesse et aplomb.

Si vos pas vous mènent vers le sud de la France cet été, ne ratez pas l ‘exceptionnelle et rare exposition, Niko Pirosmani – promeneur entre les mondes. Né en 1862 à Mirzaani, Pirosmani est l ‘une des fiertés de son pays, la Géorgie.

Considéré en Occident comme le Douanier Rousseau du Caucase, il puise son inspiration auprès des hommes et des femmes qui l‘entourent, dans les traditions, la vie à la campagne ainsi qu’auprès des animaux, un ours sous la lune ou parfois une girafe ou un lion, issus de territoires imaginaires. Ses peintures franches et directes sont réalisées la plupart du temps sur de la toile cirée noire, celles-ci sont forgées avec modestie dans des lieux peu conventionnels, tavernes et étables de Tbilissi et ses alentours, Pirosmani travaillant à la commande ou proposant son art en échange de nourriture.

Découvert à Tbilissi en 1912 par Mikhaïl Le Dentu et les frères Ilia et Kiril Zdanevitch, son œuvre se trouve prise dans un faisceau d’émulation qui nourrit alors les avant-gardes de      l‘époque, russe et parisienne. Son travail est présenté en 1913 par les peintres Mikhaïl Larionov et Natalia Gontcharova, lors de l’exposition “la Cible“ à Moscou. Son œuvre connaît alors une bonne réception critique et ce de son vivant. Qualifié d’artiste national dès 1916, il n‘a alors aucune adresse fixe. Blessé par une caricature qui circule dans la presse, il disparaît puis meurt seul et sans argent en 1918.

Niko Pirosmani – promeneur entre les mondes  rassemble près d’une trentaine de toiles en provenance du musée national de Géorgie à Tbilissi, qui possède la majeure partie des œuvres connues de l‘artiste, dont la production a été en partie détruite.

Pensée en chapitres, l’exposition ouvre un dialogue inédit avec l‘œuvre de Vincent van Gogh. Le peintre géorgien est en effet présenté à la Fondation en regard de cinq œuvres de Van Gogh, produites entre 1884, période hollandaise et 1889, période provençale. Celles-ci permettent d‘éclairer les correspondances et les différences de vie et de cœur de deux artistes aux multiples mystères…

Enfin l‘exposition propose un rapprochement entre le travail de Pirosmani et la création contemporaine. Ces hommages qui se déploient au second étage de la Fondation sont majoritairement ennuyeux voire prétentieux, à l ‘inverse le l’essence même de l ‘œuvre de Pirosmani … Une seule  œuvre de Tadao Ando a su retenir notre attention. Pour lui rendre hommage, l‘architecte japonais a réalisé une table monolithe de sept mètres de long composée de roses bleues. Symbolisant la table tant espérée par Pirosmani autour de laquelle se réuniraient les artistes pour boire le vin et parler de l ‘art et la vie… cette sculpture se veut aussi le tombeau métaphorique du peintre dont le lieu de sépulture est inconnu.

Jusqu’au 20 octobre 2019