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FRIDA KAHLO / DIEGO RIVERA L’ART EN FUSION

Par Henri-Hugues Lejeune

Il serait impertinent et peut-être faux de qualifier cette exposition d’opportuniste, mais opportune c’est certain. Car le public français et parisien est inlassablement avide de tout ce qui concerne ce couple d’artistes mythique, entouré de cet étrange prestige, de cette aura de mystère depuis trois quarts de siècle!

Tout y contribue. Eux-mêmes en premier lieu, artistes talentueux, tonitruants, querelleurs et assoiffés de renommée d’abord.
Mexico ensuite dont ils étaient les grandes vedettes dût aux circonstances de faire figure, dans les années 30 et 40, de Nouvelle Athènes.
La guerre mondiale laissait intact un Mexique somme toute révolutionnaire (le parti au pouvoir s’était astucieusement dénommé Révolutionnaire institutionnel) qui accueillit alors à bras ouverts tant l’intelligentsia espagnole exilée du franquisme, les réfugiés des purges staliniennes dont l’indéniable star était Trotski, des allemands anti-nazis avec l’évidente sympathie d’une Amérique démocrate qui voyait avec plaisir certains réfugiés un peu voyants, un peu extrêmes, trouver là leur place, sans compter des surréalistes en rupture de ban fuyant la guerre.
Ce centre de paix joua les prolongations sous le maccarthysme d’après-guerre.
Holywood même y dépêcha quelques unes de ses vedettes!
L’élite mexicaine était très ouverte aux avant-gardes et un certain esprit surréaliste a toujours été latent à travers la sensibilité latino-américaine dans son ensemble.
Diego Rivera avait passé quinze ans de sa vie dans l’avant-garde de la peinture européenne avant de devenir le peintre officiel de son pays et Frida Kahlo était une surréaliste à l’état brut, naïve à la base avant d’affiner son art et de développer savamment son originalité native.
Sans l’escamoter, l’exposition évite habilement de s’emmêler dans les complications de leur vie commune, mettant en lumière leur très moderne comportement de puissance à puissance.
Si Diego Rivera avait séjourné longuement en Europe dans une vie antérieure, c’est bien par elle-même que Frida se rendit en France pour plusieurs mois juste avant la guerre pour y refuser de se laisser embrigader chez les surréalistes « institutionnels » et ne pas du tout s’y plaire. L’exposition les traite d’égal à égal et fait ressortir l’indéniable supériorité de Diego sur l’art officiel stalinien qui sévissait alors en URSS et dont il se proclamait, au service du peuple mexicain, le cousin.
En résumé, voilà une belle, captivante et extrêmement intéressante exposition.

Musée de l’Orangerie
Du 9/10/2013 au 13/01/2014
www.musee-orangerie.fr