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Ligne claire fond grave

Par Théodore Blaise

Bien avant que Michel Ciry se fasse connaître comme peintre avec ses visages hiératiques, sa réputation tenait à sa gravure, au regard qu’il portait sur le texte non pour l’illustrer, mais pour chercher par son trait ce qui se cachait derrière les mots.

Pour ses premiers livres, il donne une répartie graphique à des ouvrages légers : Vivant-Denon « Point de Lendemain »(1942), « Dominique » d’Eugène Fromentin(1943). Si son style ne s’affirme pas ici, sa maîtrise technique porte des promesses qui vont s’exalter quelques années plus tard quand il abordera des textes plus graves, pensons à « Voyageur sur la terre” (1955) de Julien Green pour lequel il donne plus de 50 planches.

C’est à ce moment qu’apparaît ce qui va dominer son œuvre, son regard passionné sur l’homme perçu à la fois comme une énigme et le chemin pour la comprendre. Je pourrais dire qu’alors, il n’illustre plus, mais en s’appuyant sur le texte, il construit des paraboles dont le sens tient à la singulière relation entre son geste, ses outils acérés et les matières mise en jeu : métal, encre, papier. Et bien sûr, un geste.

Un geste guidé par un regard intérieur brûlant qui ne s’attache pas à la surface de ce qu’il représente. Comme sa main qui creuse la plaque,
son intention va au-delà de son sujet même, d’où cette impression étrange, au-devant de ce qu’il montre qui est perçu et ressenti,  par-delà ce qui fait image.

Étrange, envoutant sentiment pour celui qui regarde : l’œil est conduit ailleurs. Il se doit de fouiller dans les méandres de son imaginaire et donner à son émotion un nom. Nom différent selon chacun.

A quoi tient ce pouvoir, quand la représentation est moindre que la manière avec laquelle elle est conduite ? Ce pouvoir de fouiller les choses se trouve aussi dans ses dessins qui prônent la ligne claire dont la tradition aurait sa source avec le trait de Jean-Dominique Ingres. Dessin qui, parce qu’il semble tout dire, affirme plus en bouleversant les apparences.

Arbre ou visage, la chose et l’être sont là, mais plus loin qu’eux même.

Michel Ciry dit qu’il est en quête des âmes. Serait qu’il est en chasse d’une même force immanente en tout ce qui est vivant ?

Michel Ciry ne nous révèle-t-il pas cette force de l’art qui est de nous mettre au-devant de nous-mêmes tandis que de tout notre corps nous regardons une œuvre.

Peu d’artistes comme lui, peu d’expositions où le noir est blanc dominent nous conduisent au seuil de ce mystère.

 

Michel Ciry Graveur

Exposition du 10 septembre au 6 novembre
Tous les jours sauf mardi
De 14h à 18h30

Rue Marguerite Rolle 76119 Varengeville-sur-Mer
+33 (0)2 32 90 01 52
contact@museemichelciry.com
Michel Ciry-Gravure 1.tif