Hélène Lhote, l’étonnante étonnée

Par Joëlle Péhaut

Une immersion dans l’atelier d’Hélène Lhote est une plongée en matière/mémoire : Des œuvres partout, diffusant lumière, couleurs et reflets comme dans une cathédrale. Sauf que le temps n’y est pas arrêté. Des œuvres du sol au plafond ; en construction ou DESTINées à un devenir plus lointain et d’autres exposées autrefois. Certaines sur la terrasse, en extérieur. Un retable peint, vendu il y a bien longtemps puis revenu. On s’arrête alors un instant et l’on découvre une forme essentielle pour l’artiste : l’ECHELLE. Figurant déjà dans le retable (nom+2008) c’est aujourd’hui dans une version en trois dimensions, miroir, que la forme est reprise. Et là commence l’étonnement !

Hélène Lhote, qui se dit dans la retenue avec les mots, attend que les choses soient passées au philtre du temps, souvent à son insu, pour les faire dialoguer entre elles et avec le public. A partir des signes qu’elle reçoit, sans perception mystique ni superstition, l’artiste réunit, dans une VERTICALITE souple, des éléments glanés ici et là, et invente des MODULES, correspondances non seulement de matières, mais plus discrètement de concepts.

Comme un JEU d’assemblages à la règle secrète, originaire d’un long cheminement, l’artiste trouve ce qu’elle ne cherchait pas. Surgit alors une forme qu’habilement elle a sentie mais non préméditée.

Et, l’artiste est étonnée!

Son émerveillement et sa joie sont perceptibles dans ses oeuvres.

Sa prédilection pour les objets portant en eux du mouvement physique (vis, boulons, ressorts, écrous…) illustrent tout autant le MOUVEMENT de la mémoire. Et dans une démarche créative portée par ses intuitions, de prolégomènes en analepses plastiques, elle rend hommage à l’histoire d’aujourd’hui comme à celles d’époques lointaines, et célèbre tout autant la high-tech que l’artisanat ornemental d’époques plus reculées.

Ses œuvres intrigantes, par l’implicite qu’elles détiennent, comme un trésor généreusement partagé, nous accompagnent dans ses expositions, enrichis que nous sommes de la perception sensible de ces infinies FACETTES de nous-mêmes et de la vie. Septembre 2023. (propos recueillis par Mylène Vignon).

Exposition visible jusqu’au 25 novembre 2023 – du mardi au samedi.

Galerie Terrain Vagh

24 rue des Fossés Saint Bernard Paris 5^e