Portraits

Cyb, de Kyoto à Paris

Kokedera, le Temple des Mousses

De retour de Kyoto et suite à une visite très privée lors de laquelle elle assistait de manière confidentielle à une cérémonie Zen bouddhiste, l’artiste, de retour dans le cocon de son atelier parisien a médité sur le contraste du vert et du rouge, qui sont de tous temps ses couleurs de prédilection.
La mémoire emplie de la centaine de formes et de couleurs de mousses qui recouvrent les Temples sacrés, ne pouvait que générer une série d’œuvres en accord avec son grand amour pour Vincent Van Gogh qui évoquait ce Japon si imprégné d’art bouddhiste dans sa peinture.
Dans l’œuvre de Cyb, la musique est d’une importance capitale. Bach, Schuman, Chostakovitch qui du noir fait surgir la couleur, Wagner et les opéras, Bruckner et sa sublime symphonie nº7… nourrissent et guident en permanence sa peinture.
De fait, Saisons de Culture lui offre la rédaction d’une rubrique sur l’Opéra dans ses colonnes.
La philosophie, matière qu’elle enseigne et dont son être est imprégné, est également présente dans ses démarches artistiques à travers les essais de Bergson, dont le texte préféré parle de la joie de créer et par lequel elle achève son cours de philosophie depuis des années :
«  (…) partout où il y a joie, il y a création : plus riche est la création, plus profonde est la joie » in L’Énergie spirituelle. Bergson ne dit-il pas que les artistes « naissent détachés et selon que ce détachement est celui de tel ou tel sens, ou de la conscience, ils sont peintres et sculpteurs, musiciens ou poètes ?».
Réflexion très en lien avec sa série Kaïrê, exposée récemment à Malte et à Paris.
D’une correspondance de jeunesse alors qu’elle vivait en Nouvelle Calédonie, elle conserve le souvenir ému et le prisme d’une énergie commune, avec le peintre Georges Mathieu, créateur de l’abstraction lyrique, entrée récemment à l’Académie.
En filigrane, l’esprit de Matisse, l’invite à faire renaître perpétuellement la couleur.

Prochainement paraîtra chez Area/Descartes et compagnie, l’ouvrage de bibliophilie « Baroque Abstrait » accompagné de planches originales sur bois, inspiré de la symbolique des icônes.
Un livre rare qui résume les plis et les replis du Baroque dont les strates sont une réunification et se répondent.
Baroque : saisir l’éphémère des divers chemins de traverse.
Abstrait : saisir cet instant de peinture dans la musique de la percussion de la couleur.

L’été qui arrive sera riche des couleurs rayonnantes de cette incomparable artiste qui s’émerveille sur de nouvelles techniques et n’hésite jamais à se remettre en question.

Mylène Vignon
11 juin 2018