Portraits

Joseph Chedid. À la Source de tous les arts

Par Mylène Vignon

J’ai rencontré Joseph Chedid  dans le salon feutré de l’Hotel Particulier de Montmartre, alors qu’il était en plein filage de son concert aux Trois Baudets où il a accepté malgré l’urgence et avec le sourire, de répondre à mes questions.

Joseph Chedid , je ne vous demanderai pas comment la musique est arrivée  dans votre vie, car nous savons tous que vous êtes le benjamin d’une grande famille d’artistes et gens de lettres. Étiez vous déjà conscient dès l’enfance de vos propres inclinations artistiques ?

Oui, l’art fait partie de ma vie.

Je me souviens d’avoir très jeune, visité des expositions. Mais la musique est arrivée très vite, par la transmission naturelle de mon père, ma sœur Anna et mon frère aîné, Mathieu.

Dès l’âge de sept ans, j’ai tourné des bouts de films. À treize ans, je composais et jouais déjà un peu de guitare.

Avez-vous rapidement trouvé votre place ?

 Non, c’était assez problématique. Un frère guitariste, une sœur chanteuse… je ne savais pas quel était mon instrument.

 Petit garçon, rêviez vous comme beaucoup d’enfants de devenir pompier… ?

Non, j’aimais m’enfermer dans ma chambre pendant des heures pour construire des maisons et des châteaux en bois,  avec mon kapla. Je pense que ce côté bâtisseur ou architecte, on le retrouve aujourd’hui dans l’art que je conçois. Je construit des musiques que je compose également pour les autres.  

Avez-vous été marqué par votre grand-mère, la femme de lettres Andrée Chedid ?

Oui, d’ailleurs il y a deux ans je lui ai rendu hommage à l’Institut du Monde Arabe en solo. J’avais invité ma sœur Anna et des amis. Elle était libanaise et égyptienne, et  nous a légué en héritage la culture de la finesse de ses mots. J’ai étudié alors ses manuscrits avec bonheur. Elle avait l’art du minuscule du mot. Les mots raturés en disent long sur l’esprit de l’auteur et peuvent changer le sens d’un texte. J’ai étudié son art et sa pratique littéraire par le prisme de son côté philosophe. C’est de la vraie transmission avec toutes ses couleurs.

Comment doit on vous appeler aujourd’hui, Selim, votre pseudonyme ou tout simplement Joseph ?

Joseph Chedid !  J’avais choisi comme nom de scène, mon deuxième prénom : Selim. Mais je m’aperçois aujourd’hui que Selim était un personnage que j’avais inventé.

J’assume désormais pleinement et avec assurance ma part de fragilité. Être à l’aise avec soi même,  offre un confort qui permet de développer des choses. Le fait d’être à l’aise peut être parfois plus important que la technique.

Cela laisserait plus de latitudes  à la poésie ?

Oui, certainement., merci pour cette question !

Quelle est la place de la peinture dans votre vie ?

La musique prend toute la place, mais la peinture est un autre maillon de cette chaîne ou tout est relié. La musique, la photographie, la peinture, me donnent envie d’être pluridisciplinaire; passeur d’émotions, mais je me sens cependant profondément musicien.

 La couleur vous est venue pour exprimer votre nouvel album, comment est-ce arrivé ?

Chez-moi, l’apport de la couleur est particulier, je suis daltonien. J’ai commencé quelques essais de tableaux que je ne trouvais pas tout à fait satisfaisants. Puis, la dernière peinture a pris de la profondeur. J’ai laissé une certaine part au hasard, alors sont arrivés ces personnages assez mystérieux, cet animal… ce sera donc celui qui illustrera l’album.

Dans quel domaine travaillez-vous actuellement ?

« Source » est l’album sur lequel je travaille depuis deux ans :  anthologique,  numérique, avec des thématiques liées à la connaissance de soi et des autres dans une quête initiatique de la lumière.  

Il est accueilli aux Trois Baudets pour plusieurs représentations.

Il porte aussi un projet de poésie, d’exposition de dessins et de photos. Il conclue cet entretien par ces mots : J’embrasse beaucoup trop de choses,  mais cela a du sens.

 L’album Source sortira en édition physique le 21juin 2019.

Mylène Vignon pour la Revue Area n°35 – l’Art qui vient