Regards

Black And Color Field. Matthieu Boucherit et Fabien Verschaere.

par Elisabeth de Lapresle-Wennberg

Cet été, la Société Générale Private Banking Monaco accueille l’exposition Black and Color Field – Matthieu Boucherit et Fabien Verschaere. C’est une rêverie poétique nécessaire après l’immersion dans L’Or des Pharaons et le plaisir féminin de Tom Wesselmann.
Tandis que les œuvres de Matthieu Boucherit réécrivent l’histoire pour révéler le réel à nu, engageant une réflexion active, Fabien Verschaere chorégraphie sa réalité mythologique au rythme de son orchestre fantastique pour un nouveau regard sociétal.

Rencontre avec le maestro.

Dans l’à propos de L’Abécédaire de Fabien Verschaere paru en 2015, Robert Fleck indiquait que ta peinture présente une puissante mythologie de la vie contemporaine. Peux-tu nous parler de ton univers onirique peuplé de figures fantasmagoriques, derrières lesquelles se cache souvent ton autoportrait ?

Fabien Verschaere : La peinture est une matière que le peintre agence d’une unité, il crée un tout comme un maître de cérémonie, il crée un espace où tout est possible.
Le peintre, c’est l’alchimiste d’une danse qui commence dans l’espace et finit dans les yeux du regardant.
Il n’y a que sa réalité qui compte : chorégraphe de sa propre histoire, il réinvente le réel.
Ce qui compte pour moi c’est de passer de l’anecdote, la petite histoire à une mythologie.
Voyager, rencontrer, marcher, tout donne lieu à signifier, à transformer.
Créer sa mythologie contemporaine c’est absorber l’intime, ce qui semble banal, pour en faire une grande et belle histoire.

Quelle liberté t’offre le médium de l’aquarelle ?

Fabien Verschaere : L’aquarelle est un médium transcendantal qui rappelle la naïveté de l’enfance et en même temps, la matière vit toute seule, comme un cheval fougueux… On essaie de la maîtriser mais elle veut voyager toute seule, elle est très indépendante bien sûr !
Cela fait dix ans que je cherche la bonne matière. Je l’ai enfin trouvée : le hasard. Essayer de maîtriser ce que la nature et l’inconscient nous donnent , c’est ce mentir à soi-même. J’aime le spectacle de la nature tout en sachant ce que je fais, je plonge dans un duo : moi et l’eau.

Quelle histoire racontent les aquarelles choisies pour Black and Color Field ? Curieuse, j’aimerais également connaître ton histoire avec Monaco ?

Fabien Verschaere : Je travaille très peu d’une matière contextuelle. Mon histoire voyage au gré d’un travail d’atelier qui se passe entre moi et mes souvenirs.
Monaco, c’est un conte de fée : un château, la mer, la montagne, tous les éléments présents pour une belle histoire.
Les aquarelles présentées sont très récentes, c’est un nouveau travail.
Mes aquarelles sont le symbole d’une réalité que je transforme un peu à la manière d’une traversée deleuzienne, je me crée un voyage intime parlant à tout le monde, essayant de créer une autre envie de regarder.

L’exposition Black and Color Field conçue sur une proposition de Valentina Caputo et de la Galerie Valérie Delaunay, offre un voyage intime et sincère dans l’univers de Fabien Verschaere. Ce plasticien, diplômé de l’Ecole nationale supérieure des Beaux-Arts de Paris en 2000 et des Beaux-Arts de Nantes en 2001, excelle dans de nombreux médiums : peinture, dessin, fresque, sculpture, installation, vidéo, design etc… On se souvient notamment des expositions personnelles Seven Days Hotel au Musée d’Art Contemporain de Lyon (2007) et The small theater of Muxuland au Musée d’Art Moderne Saint-Etienne Métropole (2014). En 2015, il participe à une exposition collective au musée SEMA à Séoul en Corée dans le cadre du G Dragon Project, et l’année d’après, au Musée GMOMA toujours à Séoul pour l’exposition G Live.
Son imagination débridée n’ayant aucune limite, Fabien crée également des pièces uniques exceptionnelles : un baby-foot gainé de cuir customisé avec les designers Domeau & Pérès, ou des coffrets réalisés avec le tabletier Elie Bleu à Paris.
S’ensuit une belle collaboration avec Pierre Hermé à travers un projet original en forme de Résidences Itinérantes donnant naissance à des dessins réalisés à Seoul, Hong Kong, Tokyo, Londres et Paris. Amateur de musique, touche à tout inconditionnel et artiste jusqu’au bout des doigts, Fabien a également customisé la guitare de The Edge (U2), réalisé une pochette d’album et un clip pour Florent Pagny.
Fabien Verschaere a choisi la Principauté de Monaco pour dévoiler son intimité à travers ses dernières aquarelles, certainement son moyen d’expression le plus touchant, enfantin sans être naïf, offrant son histoire mythologique contemporaine.

Exposition publique et gratuite du 5 juillet au 17 août 2018.
Visites sur rendez-vous uniquement auprès de Valentina Caputo joignable au 06 18 40 52 75, organisées du lundi au vendredi de 9h à 17h.
Société Générale Private Banking 11, Avenue de Grande-Bretagne, 98000 Monaco

Monaco, le 27 juillet 2018