79ème Festival d’Avignon à suivre…
par Kat Sroussy
Sous les étoiles, avec la langue arabe comme invitée d’honneur, la 79ème édition du festival, nommée « Ensemble-Together » par son Directeur artistique Tiago Rodrigues, a illuminé et réuni le monde, dans une chaleureuse énergie urbaine partagée.
43 spectacles de théâtre, danse, musique, des performances, rencontres, lectures ainsi que des expositions, dont celles de l’artiste Othoniel, ont investi les lieux mythiques d’Avignon, pour fêter, transmettre, se métamorphoser, en célébrant les diversités et les richesses des esprits, tous ensemble.
Cette « Utopie éphémère », revendiquée par son Directeur et bien réelle, nous a enthousiasmés. Elle a tracé un chemin de paix pour le monde, grâce à la culture, aux passions et pensées, aux dialogues et partages, chemin indispensable pour le futur de l’humanité.
L’artiste «complice» Marlène Monteiro Freitas, chorégraphe cap-verdienne, a ouvert cette belle édition, dans la Cour d’Honneur du Palais des Papes avec Nôt, performance chorégraphique puissante, dérangeante et parfois contreversée, création inspirée des Mille et Une Nuits.
Des soirées hommage à Oum Kalthoum et aux femmes, avec le spectacle Nour ainsi que d’autres performances, ont porté les voix poétiques de la langue arabe.
De magnifiques créations ou des reprises internationales furent proposées :
Le Soulier de Satin qui reçut un triomphe, pièce monumentale de Paul Claudel, mise en scène virtuose de Eric Ruf et interprétée par la troupe de la Comédie française, une magie de huit heures jusqu’au lever du jour dans la mythique Cour d’Honneur du Palais des Papes.
La Distance, si beau spectacle de Tiago Rodrigues,
Le Procès Pelicot,
De belles personnalités et des invités prestigieux, comme Milo Rau, Samuel Achache, Anne Teresa de Keersmaeker, Thomas Ostermeier, Joris Lacoste et tellement d’autres, ont porté somptueusement le festival.
La programmation proposée fut globalement de très grande qualité et innovante, malgré quelques polémiques dues à certaines propositions théâtrales provocatrices. Cependant le public dans une implication collective, a énormément apprécié cette édition et a vibré de mille émotions.
Un espace de réflexion, de prises de parole et de recherche, Le Café des Idées, a incarné à lui seul l’esprit du Festival en étant ouvert à tous.
Le Souffle d’Avignon nous a invités à découvrir des écritures actuelles et leurs auteurs, grâce à un cycle de lecture dans les jardins du Palais des Papes, cadre historique et hautement symbolique.
Vive le Sujet Tentatives, soutenu par la Sacd, installé dans le Jardin de la Vierge, devenu espace d’expérimentation, a proposé des formes courtes pluridisciplinaires : danse, théâtre, musique.
Les Hivernales ont organisé une traversée chorégraphique, l’occasion de découvrir des créations avant-gardistes.
Les Territoires Cinématographiques au cinéma Utopia ont prolongé l’expérience scénique en résonance avec les spectacles.
Des lieux prestigieux ont été investis par le Festival : La Cour d’Honneur, Vedène, La FabricA, la Carrière de Boulbon, l’Opéra, la Maison Jean Vilar avec l’exposition Les Clés du Festival de Antoine de Baecque ; des chapelles et des cloîtres, des lycées et jardins, ont su réunir un public multiculturel dans une ambiance unique.
Cette 79ème édition fut une ambassade culturelle géante où vivre ensemble en harmonie s’est révélé vraiment possible.
Cette année nous avons remarqué que les auteurs et metteurs en scène ont exprimé le besoin de parler de transmission par le biais de relations familiales inspirantes ou décevantes.
Il y eut une fusion des diversités en prenant le temps d’apprendre à se connaître, à s’aimer et à se faire mutuellement confiance, valeurs inestimables pour l’avenir et pour la continuité de cette histoire festivalière hors du commun.
Cette édition fut exceptionnelle avec un taux record de fréquentation depuis 2016 de 98%, explique
Tiago Rodrigues, qui nous a révélé que la langue mise à l’honneur en 2026 sera le coréen.
En 2025 et 2026, nous aurons la chance d’assister à certains spectacles du festival, en tournée en province, à l’étranger et dans la capitale.
Ainsi à Paris le public pourra découvrir ou revoir des pièces programmées lors de cette 79° édition du Festival :
– Affaires Familiales de Emilie Rousset, dans le cadre du Festival d’Automne au Théâtre de la Bastille, du 19 septembre au 3 octobre. Emilie Rousset utilise des archives documentaires pour retracer des récits intimes tous confrontés à la justice.
-Israël et Mohamed, de Israël Galvan et Mohamed El Katib du 10 au 20 décembre au Théâtre de la Ville.
Recherche d’un langage commun fondé sur leurs histoires personnelles et leurs différentes pratiques artistiques, sous le regard «méditerranéen» de leurs pères. Ce titre ambivalent ouvre des horizons insoupçonnés.
-Delirious Night de Mette Ingvarten, danoise, du 9 au 10 octobre au Théâtre de la Cité Internationale.
«C’est une exploration théâtrale et chorégraphique d’une vaste folie curative, un rituel sous la forme d’une manie, hors des règles et des codes, ou comment les corps réagissent en temps de crise extrême »
-Brel de Anne Teresa De Keersmaeker et Solal Mariotte, du 11 au 20 mai 2026 au Théâtre de la Ville.
Le défi de la chorégraphe et du danseur fut d’exprimer par la danse et le corps les chansons de Brel et sa réflexion profonde sur l’être humain et le monde, tout en gardant chacun une distance presque pudique.
-Fusées de Jeanne Candel le 9 et10 janvier 2026 au théâtre de Vanves, et du 28 janvier au 15 février au théâtre de l’Aquarium.
C’est l’histoire de deux hommes oubliés dans le cosmos qui s’interrogent ; un voyage intergalactique théâtralisé, sans aucune technologie, avec de simples accessoires, mais où la musique tient une place essentielle. La plus grande histoire, celle du cosmos, se déroule dans le plus petit théâtre.
-La Distance de Tiago Rodrigues les 1er, 2, 3 octobre à la Scène Nationale de Malakoff.
En 2077, la terre est devenue inhabitable à cause de bouleversements climatiques destructeurs. Science fiction lyrique et prémonitoire où l’humanité survit dans une grande précarité, où l’alternative est de se réfugier sur Mars. Désormais, l’espèce humaine séparée vit sur deux planètes, dans une immensité interstellaire.
Que deviennent les liens d’un père resté sur terre et de sa fille partie sur la planète rouge, séparés par un voyage de dix huit mois ? Tiago Rodrigues met en scène un écart de générations, deux visions du monde, « avec un point de vue macroscopique par la distance interplanétaire et microscopique par la relation ».
Pour créer la forme théâtrale, un dispositif précis et original, une tournette, permet d’explorer l’ellipse des planètes, le décalage du temps, les mouvements et la circularité des deux personnages, interprétés par des comédiens d’exception, Alison Dechamps et Adama Diop.
-Radio Live de Aurélie Charon, du 14 au 18 octobre à la Cité Internatinale, le 8 et le 9 novembre au Théâtre des Amandiers, Nanterre, le 10 décembre à la MC93 Bobigny, puis à l’Institut du Monde Arabe.
Une suite de trois autres chapitres sera créée au Théâtre de Chaillot en 2026.
-MAMI de Mario Banushi du 9 au 16 avril 2026, Théâtre de l’Odéon.
-Nexus de l’adoration de Joris Lacoste du 4 au 7 décembre 2025, MC93 Bobigny( Festival d’Automne)
-Le Sommet de Christoph Marthaler, les 10 et 11 décembre 2025 au Théâtre des Gémeaux, Sceaux.
-NÔT de Marlène Monteiro Freitas, du 28 au 31 janvier 2026, au Théâtre Sylvia Monfort, et du 20 au 30 mai 2026 au Théâtre public de Montreuil.
-RITE, de Marlène Monteiro Freitas, le 1er décembre 2025 au 104 Paris (Festival d’Automne).