Regards

Hommage à Milshtein

Par Alin Avila

L’œuvre de Milshtein s’étend sur plus de soixante années, elle a toujours maintenu une cohérence dont il devient opportun d’en définir l’essence, surtout maintenant qu’il est parti. Il nous a quittés ce 4 février 2020.

La mer rouge et le père noir — Technique mixte sur papier 45 x 60 cm. 1991

Voilà ce que j’écrivais il y a quelques jours à propos de son exposition à la Galerie GAG à Bordeaux.

Regardons-le travailler pour que se manifeste ce qui est en jeu. Au départ ses actes sont indifférents à ce qu’il adviendra de l’œuvre. Il macule et salit le papier ou la toile. Si le matériau lui est inconnu, si l’outil est nouveau, si l’eau dans laquelle il le trempe est incertaine, il s’offre des possibilités de se surprendre et favorise sa gourmandise, il triture alors avec joie pâtes et couleurs.

Vient ensuite ce que l’on croit être le principal : ses figures. Elles naissent du regard qu’il porte sur ces matières posées presque indifféremment. Elles naissent par association, conjonction d’idées ressouvenues, de pressentiments, comme dans un processus de rêve éveillé.

Volontaires, elles ne le sont que dans l’instant où il les pose, il ne les a pas réfléchies, elles s’imposent. Cette tache ne vaut-elle pas un œil ou un bœuf ? Cette courbe : la baie d’un lac ou la hanche d’une promise ?

La matière est oracle, ainsi l’informe devient image. Au premier chef de ses préoccupations ce plaisir de faire : enfantin, régressif et au plus loin des choses apprises.

Alors tout s’interpénètre. Le hasard et ses confusions — modèle d’organisation, copie le vivant ; l’eau têtue qui s’échappe, les pigments qui se pulvérisent, la gouache que rebute l’huile… miment et condensent avec vitesse, les effets de la nature et du temps.

Tout cela est vrai, mais cependant tout cela n’appartient qu’au palais des songes, qu’il vient de rejoindre.

En permanence à :

Et jusqu’au 28 février: