Regards

Les garçons et Guillaume à table

Par Pascal Aubier

Il y a toujours parmi vos amis, y compris les plus proches, des gens pour vous envoyer d’urgence voir un film. Parfois ça marche, il est vrai. Parfois c’est catastrophique car vous vous encombrez d’un film nul tandis que vous vous demandez ce qui a pu prendre à vos amis pour vous vanter cette nullité.

C’est ce qui m’est arrivé avec Les garçons et Guillaume à table.
Catastrophique. On m’avait dit, tu verras c’est intéressant, l’acteur est formidable, une très jolie vue de la société, très gonflé et ceci et cela. Alors qu’à la vérité ce film est plutôt insipide, mal filmé — mais filmer quoi ? – qui raconte comment un pauvre garçon croit devenir pédé à cause de sa maman et découvre que non, il aime une fille. Que la maman et le jeune garçon soient joués par le même acteur n’est guère épatant. Une performance amusante, mais une éternelle reprise à laquelle celui-là, qui a écrit, mis en scène et interprété la mère et le fils n’apporte rien de fulgurant. Pas même de véritablement amusant ; je sais, c’était une pièce de théâtre. Ma chérie m’a dit qu’elle avait beaucoup ri. Au théâtre. Mais bon du théâtre au cinéma il y a un monde, un art, un voyage, c’est une autre chanson. Et le comble de la platitude c’est précisément de restituer — avec un merveilleux contre-jour qui magnifie le personnage — la scène sur l’écran ! Ça je ne l’avais pas vu avant sauf captations télévisuelles et autres ressassages de bonbons. Au cinéma, avec de gros moyens c’est dire qu’on a sciemment choisi cette représentation sans intérêt. Quant au reste du film c’est sans intérêt non plus et les personnages, comme les situations sont inspirées par des clichés, le père, les frères, la masseuse nazie, les boîtes homos, l’école anglaise. Et les bonnes Espagnoles. Plutôt honteux. La Sévillane que le garçon apprend à danser comme une fille. Bravo. Voilà c’est tout. J’adore la Sévillane, mais là, on nous en tourne des kilomètres pour un pauvre prout dans l’eau. Je ne vais pas décortiquer, c’est un billet d’humeur après tout. Et de mauvaise humeur en l’occurrence. Mais ce n’est pas juste idiot. Le film est fondamentalement gniard. Ça, c’est pire que tout. L’humour est noyé dans la triste ritournelle.
Bref, ennui profond, vous l’aurez compris, mais pourquoi mes amis si malins habituellement m’y ont-ils envoyé ?