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Galerie Convergences : Roger Cosme Estève

Par Sergiusz Chądzyński

Un jour, lors d’un entretien avec Tadeusz Koralewski dans sa galerie, 92 Rue Quincampoix, 75 003 Paris, nous avons abordé le sujet de la peinture de deux artistes : Richard Laillier (voir dans nos pages l’entretien avec Mylène Vignon) et Stéphane Fromm.
Tadeusz m’a conseillé de me rendre à la galerie Convergences, dans Le Marais, pour voir, en même temps, les œuvres de deux peintres. J’y suis allé tout de suite pour ne pas rater cette opportunité. Depuis, j’ai l’habitude de passer là-bas de temps à autre et chaque fois je suis étonné par le travail de Valérie Grais, qui gère cet endroit. Dans un petit espace, elle parvient à montrer pleinement ce qu’est un artiste.
On peut dire que nous participons à une grande rétrospective, nous sommes convaincus par la sélection raisonnable et parfaite des toiles.

Chaque exposition est accompagnée d’un catalogue bien conçu avec des textes qui complètent les informations et expriment le point de vue des critiques d’art comme Yves Michaud.

Du 4 mars au 27 avril, Valérie Grais présente les œuvres de Roger Cosme Estève, originaire de Néfiach dans les Pyrénées-Orientales, un artiste imprégné de la culture catalane. La galerie a déjà exposé ses toiles en 2016 (« Rocas », du 29 janvier au 27 février) avec un texte du catalogue de Didier Goupil, qui a écrit la biographie du peintre dans son roman, Le journal du Caméléon.

Cette fois, le catalogue est signé par Luc Lang (Prix Goncourt des lycéens pour Mille six cents ventres, 1998, Prix Médicis pour La Tentation, 2019).  Alors que dans le catalogue du 2016 Roger Cosme Estève est décrit comme un peintre itinérant qui voyage entre New York, le Kirghizistan, le Maroc et le sud de la France, où il trouve toutes sortes d’inspirations, Luc Lang tente de nous transmettre l’esprit de ses œuvres.

« C’est une peinture qui se suffit à elle-même, de toute évidence, parce qu’elle n’est pas là pour servir quelque chose qui lui serait extérieur, une narration, un récit, celui de l’histoire, les petites ou la grande. C’est une peinture qui se présente pour ce qu’elle est, de toute sa possible présence, elle s’impose et nous imprègne, en silence, le nôtre, devenus mutiques, parce qu’elle est hypnotique, offrant de nous absorber à chaque toile dans son labyrinthe. Faut-il préciser que c’est une œuvre fragmentairement figurative, mais aussi fragmentairement expressionniste abstraite, sans qu’aucune classification ne soit satisfaisante ».

Et Luc Lang dans une note de bas de page (sic) finit :

 « La série ici présentée à la galerie Convergences est tout à fait particulière et devait s’intituler Brots (les bourgeons), avant que le peintre, peut-être, renonce à un titre quelconque, comme il en a souvent l’habitude. Le gris domine, ce fameux gris moyen intraitable auquel il aime s’attaquer, celui d’une lumière neutre, étale, en attente d’une déchirure, d’une trouée de lumière, où les couleurs comme les formes sont encore en germination, au bord de surgir, de se dégager de cette gangue grise, vers le meilleur ou vers le pire. L’attente donc, d’un mouvement, alors que le monde s’immobilise dans le repliement, dans le confinement… D’où ces formats modestes, non pas conçus dans le grand atelier, mais dans le petit, le restreint, à l’échelle du jardin, parce que le peintre, comme le bourgeon, guette la renaissance d’un possible dehors, d’un possible ailleurs, d’un possible et nouveau commencement. »

Il nous reste juste d’y aller, voir et découvrir par nous-mêmes. Qui sait, parfois la Toison d’or se trouve à la portée de nos mains.

  • Roger Cosme Estève
    Rencontre avec l’artiste les jeudi 4 mars et samedi 6 mars de
    14 à 18 heures.
    Exposition du 4 au 27 mars 2021.
    Du mardi au samedi de 14 à 18 heures et sur rendez-vous le matin
    Galerie Convergences 22, rue des Coutures-Saint-Gervais 75003 Paris, +33 624 540 309
  • graisvalerie@yahoo.fr www.galerieconvergences.com