Portraits

Denis Cherer. Auteur, comédien et metteur en scène

Entretien avec Mylène Vignon

La vraie rencontre avec Denis Cherer a eu lieu au théâtre Daunou où il apparaissait en tant que comédien dans Boeing Boeing.

Aujourd’hui, c’est également au metteur en scène d’une comédie signée Sabine Hogrell : Nobody is perfect, que je reviens vers lui pour mieux apprendre à connaître son parcours.

Entretien :

Denis Cherer, comment dois-je te présenter en priorité, sous le titre d’auteur, metteur en scène ou de comédien ?

Si l’on veut absolument une priorité dans ce « 3 en 1 », alors procédons par ordre d’apparition : Comédien d’abord, avec un premier p’tit bout de rôle au cinéma dans un film de François Truffaut : L’amour en fuite. J’avais 17 ans. Auteur ensuite, quelques mois plus tard, avec l’écriture de sketches pour le café-théâtre et les cabarets, et enfin metteur en scène dans la foulée, avec le montage de ces spectacles que nous avons joués, mon frère Pierre-Jean et moi, pendant de nombreuses années. Après, viendront les rôles plus importants, au théâtre, au cinéma et à la télévision, ainsi que l’écriture pour la scène et le petit écran. Ces 3 « casquettes » seront souvent indissociables lors de mon parcours professionnel.

Quelle a été ta formation ?

J’ai pris mon premier cours d’art dramatique à 9 ans ! C’était au conservatoire municipal du Plessis-Robinson. Mais je suis un autodidacte, ma véritable formation est d’avoir sauté très tôt dans le grand bain du spectacle et appris mon métier « sur le tas » !

Quel a été ton tout premier rôle au théâtre ? 

« Le soldat » dans Clérambard de Marcel Aymé, à la Comédie des Champs Elysées. J’avais une vingtaine d’années. Une petite anecdote : Un jour, dans le café (bondé) en face du théâtre, Jean-Pierre Marielle, qui tenait le rôle-titre, me fait signe de le rejoindre. Arrivé à sa table : le choc ! Il était entouré de Jean-Paul Belmondo et Jean Rochefort !!!

Tu as été remarqué du grand public dans une série culte de France Télévision : Plus belle la vie, est-ce une étape qui a compté pour la suite de ta carrière ?

Toutes les étapes ont compté ! Mais mon rôle de Charly dans une série quotidienne à succès comme PBLV est un incontournable rendez-vous avec la popularité. La classe sur France 3 (On y est resté cinq ans) était du même acabit.

Quels sont tes meilleurs moments de cinéma ou de télévision ? 

Mon plus beau souvenir de télévision reste Les mordus, un show hebdomadaire sur l’ancienne « 5 » de Berlusconi. Nous tournions (mon frère et notre ami Guy Laporte qui vient hélas de nous quitter) à Montréal, avions carte blanche du producteur pour la conception et la présentation de l’émission. On s’en est donné à cœur joie pendant un an !

Tu as été le dernier à écrire un rôle pour Anémone dans Les nœuds aux mouchoirs, comment a-t-elle reçu cette proposition ? 

A sa façon, bien sûr ! J’ai écrit une comédie douce-amère sur l’Alzheimer de notre mère et lui ai fait lire. Elle m’a dit : Ouais, elle est bien torchée ta pièce ! C’est Mamie Zinzin !! » Et elle l’a admirablement interprétée. Plus tard, elle m’avouait : « Ta pièce, c’est mon chant du cygne.

Que peux-tu nous confier sur Nobody is perfect que tu mets brillamment en scène actuellement ? 

Merci ! J’ai eu beaucoup de plaisir à mettre en forme, en scène et en musique cette belle comédie bien dans l’air du temps de Sabine Hogrel. J’ai voulu que le décalé côtoie le quotidien et que la folie tutoie la sincérité ! Mon souci était d’apporter mon propre univers tout en restant fidèle aux intentions de l’auteure.

Peux-tu nous dévoiler un moment inédit de ta carrière (en exclusivité pour Saisons de Culture) ?

J’ai toujours rêvé de jouer le rôle d’une femme ! Il semble que ce moment approche… Je ne vous en dirai pas plus… surprise !

Quels sont tes projets ?

J’en ai pas mal… Toujours avec ma triple casquette ! Comédien, j’ai trois pièces sur le feu. Auteur, j’écris une nouvelle pièce, et deux mises en scène m’attendent pour le printemps et l’été : Une comédie de Gilles Tourman et un seule en scène signée Mak.

Quel serait ton rêve le plus fou ?

Professionnellement, ça serait d’avoir mon propre théâtre, pour ne plus dépendre des autres…

Le mot de la fin… 

Profitons de la vie, il est bien plus tard qu’on ne le pense…

MV