Portraits

François Staal

Auteur, compositeur, interprète

Nous avions remarqué François Staal, lors de la Cérémonie des Lauriers de l’Audio-visuel 2015 à l’Hôtel de Ville de Paris, au cours de laquelle on lui remettait le trophée de la meilleure musique de film de l’année.

En 2016, il s’est produit dans la mythique salle de concert du Trianon et ce fut un succès.

Sa musique est très facilement identifiable, le tempo est particulièrement scandé, et le groove est indiscutable – ce qui donne à entendre une imagerie teintée de spiritualité.

Aujourd’hui, l’auteur de l’Incertain, a accepté de recevoir Saisons de Culture pour un entretien au coin du feu, dans le salon de l’hôtel du Pavillon de la Reine, place des Vosges à Paris.

François Staal, peut-on dire que la musique est chez vous une histoire de famille?

Oui, ça l’est devenu. A force que mes enfants et ma compagne côtoient la musique, les répétitions, le rock, les musiciens, les studios et les musiques de films, tout le monde s’est pris au jeu. Sophie fait maintenant partie intégrante du groupe, avec les chœurs, les percussions et ses harmonicas. Mes deux fils qui ont respectivement fait mes deux Olympia sur scène à 18 ans, et aidés à créer le dernier album, ont maintenant leur groupe « les Psychotic Monks » qui cartonne dans l’underground… et pas que. On travaille et on fait de la musique ensemble tout le temps. On parle musique. On écoute ensemble, on partage. Une passion familiale… Oui !

Quels ont été vos références, en matière de musique?

Houla! Il y en a tant… Je dirais pour faire court… toutes les « bonnes » musiques…

mais je peux citer pour la chanson d’une manière totalement non exhaustive : Jimy Hendrix, Bob Dylan, Alain Bashung, Nick Cave, Radiohead, Jacques Dutronc, Serge Gainsbourg, Gérard Manset, Mille Davis, John Abercrombie, Jacques Brel, Francis Cabrel, U2, Coldplay, Lou Reed, John Lennon… enfin on pourrait continuer longtemps…

La musique cubaine, la musique classique (Malher), le blues, le jazz (Keith Jarrett). Pour les musiques de film, je dirais : James Horner, Philip Glass, Steeve Reich, Maurice Jarre, John Williams, Hans Zimmer, Miles Davis, Michael Nyman, Jerry Goldschmidt, John Barry, Thomas Newman.

Avez-vous reçu une formation classique?

A peine ! Un peu de violon et un peu de piano au conservatoire du quartier. Un peu de guitare au CIM. Je n’étais (suis) pas très doué pour être interprète… Trop envie de changer, de bouger, et surtout une oreille « instinctive ». Je pense que l’intérêt qu’on peut trouver à mon travail vient principalement de « l’écriture », de la création. La feuille blanche, voilà mon arme, mon outil, mon terrain de confort, ma rue… Je découvre et redécouvre, je n’apprends pas… je cherche…

Quelles ont été vos rencontres les plus incroyables?

Plein ! Plein de musiciens tellement doués et si modestes. Mais en particulier, deux personnes avec qui j’ai eu le plaisir de travailler un peu. Charlélie Couture et Jean Fauque. Un vrai bonheur… Un partage et un effet très « réconfortant » pour moi de voir que nos méthodes de travail bizarres se rejoignaient.

Où et quand, écrivez-vous votre musique?

Tout le temps. Je suis musique, je suis texte. C’est sans relâche… comme les ordinateurs qui travaillent en tâche de fond. A tout moment je note un thème, une phrase, une couleur de chanson, une idée d’arrangement, de jour, de nuit, sobre, pas sobre, dans le bain, dans la rue, en répétition, au cinéma, tout le temps, n’importe où, n’importe quand.

 quel moment de votre carrière avez-vous signé avec Virgin?

Hum, Il me faut faire un effort de mémoire… Avec mon 1er disque « Cent Millions »… je dirais 1998 ? La grande époque du disque, mais je n’étais pas si prêt que çà et du coup, j’ai choisi de rester dans mon univers underground qui se cherche à son rythme, sans précipiter mon devenir, sans hypothéquer mon art… enfin ce que je cherche.

Vous avez quel âge, quand arrive l’image?

14 ans. Spectateur de Laurence d’Arabie. Je veux être compositeur de musique de film. Déclic fatal.

J’écris aussi des scénarios. Très jeune. Et je commence à essayer d’organiser ma vie pour cela. La vie en décidera autrement pendant longtemps. Je dois là gagner très vite, ma vie. Un long « combat » s’engage pour que je m’approche de l’image.

 quelle occasion avez-vous écrit votre première musique de film?

J’ai commencé par des musiques pour le théâtre, avec mes amis comédiens, jeunes metteurs en scène. Puis des courts métrages, puis il y a eu ce film documentaire pour l’Unesco sur Gaudi (On avait remarqué mes musiques de courts) écrit par Jean Claude Carrière et réalisé par Jean Louis Bunuel et Joel Santoni (qui m’avait « repéré »).

Et oui, coup de chance ! La musique que j’ai écrite à énormément plu.

Avez-vous une histoire inédite à confier à Saisons de Culture?

Un jour, je suis en concert de mes chansons Rock Poétique dans un cabaret bar de province, avec un public qui est assez hostile, très aviné, des pas rigolos du tout. J’en suis à un tiers du concert et c’est dur…

Je m’aperçois que le prochain titre que je dois jouer est une de mes adaptations d’un texte de Charles Baudelaire. Dans ma tête, en jouant, je me dis: « déjà avec mes textes poétiques de ce soir, j’en suis à risquer mon intégrité, alors là, avec l’adaptation de Baudelaire, je vais me faire lyncher, c’est sûr » ! Puis je réfléchis: « Bon, je termine en beauté, je chante le Baudelaire, je tente, au moins je partirai dans l’honneur. Mort au combat ! » Et on attaque la chanson. C’est là que, croyez- le ou non, le miracle divin se produit, le public se « retourne ». Ils commencent à écouter, adhèrent, en redemandent, et on termine le concert ovationnés et avec une injonction de revenir absolument rapidement jouer. Ne jamais désespérer ? Toujours chanter Baudelaire. 😉

Vous avez rempli un premier Olympia en 2011, puis un deuxième en 2014, on arrive à l’Incertain, avec le Trianon en 2016, quelles sont vos prochaines actualités ?

En concert à Paris tous les DERNIERS lundis du mois à la péniche Antipode (Quai de Seine, bassin de la Villette). Le prochain est le 27 Février à 20h30.

Des enregistrements secrets en cours. La tournée « L’incertain Tour » 2017/2018 partout en France où on voudra de nous… (Montpellier le 09 mars // Lambesc le 10 mars // Clermont L’Hérault le 11 mars et plein d’autres dates à venir… ) Des musiques de films en route. Et enfin, un rêve à réaliser, faire un concert au plus bel endroit du monde, le théâtre de la mer à Sète (près de notre ami Georges)… Qui sait ?

Mylène Vignon

Vidéo French Poétic Rock : www.youtube.com

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