Regards

THE SALT PATH de Marianne Elliott

Par Chantal Laroche Poupard, SIGNIS France

Inspiré par le roman de Raymon Winn (2018), ce long-métrage britannique est un drame mais également une superbe histoire d’amour et de résilience, vécue au plus près de la nature superbe et réconfortante du Sud-Ouest de l’Angleterre.


Un flashback montre ce couple de la cinquantaine rattrapé par les huissiers et la perte de sa maison ; par ailleurs le mari apprend qu’il est atteint d’une maladie neuro-générative dans sa phase dite terminale. L’unique option qui s’offre à ce couple est de marcher le long du South West Coast Path, en espérant que le pouvoir de la nature apaisante et sublime de cette côte pourra les aidera à prendre le recul nécessaire devant les épreuves que leur offre la vie.

Moth et Ray décident alors de partir de Minehead jusqu’à Poole. Une petite tente leur servira de maison et leur duvet de lit pendant 1000 km. Malgré sa maladie, Moth fait preuve de courage et de ténacité tandis qu’il poursuit son chemin malgré la douleur qui le fait boiter ; son moral est d’acier, son optimisme, étonnant. Ray semble plus réaliste, mais reste compréhensive et attentionnée : elle soutient son mari et le soigne si besoin. Ils apprennent à vivre avec la nature, au gré des marées et des vents.

Bien sûr, devant la fatigue et le découragement, il leur arrive de craquer et de se disputer, mais ils ressortent toujours vainqueurs. Ils semblent vivre aussi des moments de tendresse et de quiétude sans évoquer l’aspect tragique des problèmes rencontrés. C’est aussi pour eux la découverte d’une vie qu’ils ne connaissaient pas, la honte d’être à la rue, avec des personnes croisées au hasard de leurs rencontres, certaines méprisant leur situation, d’autres empathiques et les aidant à trouver du travail.

Un couple magnifique et digne dans les épreuves qu’il traverse, cette histoire montre comment l’amour peut rendre fort et aide à accepter et surmonter les épreuves. Une expérience de vie et d’amour sobre et authentique est décrite sans sensiblerie. La réalisatrice offre une séquence bouleversante : Moth, conscient de son état de santé considérablement dégradé, fait part à Ray de son souhait d’être incinéré et que ses cendres à elle rejoignent les siennes dans la même urne, dans la même éternité. Ray dont le visage filmé en plan rapproché est tourné vers son mari, a cette réponse laconique, résiliée et sans pathos et lui dit : « OK ».

Le paysage de ces régions superbes, Somerset, Devon, Cornwall, Dorset est sublimement filmé :  cette côte anglaise est tantôt battue par les vents et les vagues, tantôt verdoyante, apaisée et accueillante. Ce salt path ou chemin de sel devenu leur nouvelle maison les conduira vers la guérison et la renaissance.

 

THE SALT PATH de Marianne Elliott. Grande-Bretagne, 2024, 1h55. Avec Jason Isaacs, Gillian Anderson, James Lance. Sélection officielle au Dinard Festival de Film Britannique et Irlandais 2025.