Un rêve devenu réalité Un festival du collage à Paris
Par Ghislaine Lejard
Entretien avec Laurence Sourisseau et Elisa Baldassarre
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Laurence, Elisa, présentez-nous votre atelier collaboratif l’Etablisienne (1) un lieu atypique. 
E : L’Établisienne, c’est avant tout un tiers-lieu dédié aux métiers de l’artisanat où l’on peut venir apprendre, expérimenter et créer, quel que soit son niveau. On y vient pour suivre des cours et des stages avec de vrais artisans, mais aussi pour travailler librement sur ses propres projets grâce au libre-service. C’est un lieu vivant, pensé comme un atelier partagé, où la pratique manuelle retrouve sa place et où l’on peut se reconnecter à des gestes concrets, loin du numérique.
C’est aussi une petite communauté : des artisans, des passionnés, des personnes en reconversion, des curieux… Tous réunis par l’envie de faire avec les mains et de transmettre.
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Quelle est la genèse du festival du collage ? les 27-28-29 septembre 2025 s’est tenu le deuxième festival, comment le qualifieriez-vous ? 
E : Le festival est né d’un constat simple : il existe une communauté de collagistes très active, mais dispersée, sans véritable rendez-vous physique pour se rencontrer, partager et gagner en visibilité. Laurence, collagiste et fondatrice de l’Établisienne, suivait depuis longtemps des artistes sur Instagram et rêvait de créer un espace qui leur serait enfin consacré.
Au moment où je cherchais une alternance pour terminer mon master en communication culturelle, elle m’a contactée sur LinkedIn pour me proposer de rejoindre l’aventure. C’est ainsi que le projet a commencé à se structurer et qu’il a pris vie.
Cette deuxième édition, qui s’est tenue les 26-27-28 septembre 2025, a rassemblé 63 exposants, près de 300 œuvres, 14 ateliers et 10 conférences, une bourse au papier et une exposition hors les murs à l’Espace Andrée Chédid à Issy-les-Moulineaux sur le thème : « Prendre sous son aile ». Je la qualifierais d’édition très forte humainement , plus aboutie, plus structurée, mais toujours profondément chaleureuse et accessible. On sent que le festival commence à trouver sa place. Nous sommes surtout hyper heureuses de voir l’engouement des gens, la bienveillance de cette communauté et surtout de beaux souvenirs créés et c’est ce que nous recherchions.
L : L’idée du Festival est née comme celle de l’Etablisienne, d’un constat personnel : cela n’existe pas alors fais-le ! En revanche, l’Etablisienne étant très chronophage, j’ai tout de suite pensé que pour organiser un Festival sérieusement, je devais trouver quelqu’un pour m’aider à transformer ce rêve en réalité.
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Comment vous répartissez-vous les tâches pour ces 3 jours de festival ? 
E : Pendant les trois jours du festival, Laurence prend en charge la soirée de vernissage, l’accueil du public et la partie vente, ainsi que certains aspects administratifs en lien avec le lieu (autorisations, commande des supports imprimés, etc.).
De mon côté, je supervise toute la coordination opérationnelle : les bénévoles, la programmation des ateliers et conférences, la bourse au papier, la logistique, la scénographie et la gestion des imprévus.
En amont, comme Laurence gère déjà l’Établisienne au quotidien, je prends le relais sur l’organisation globale du festival. Elle intervient ponctuellement sur des points clés, et nous échangeons régulièrement pour garder une cohérence d’ensemble.
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Comment se fait la sélection des exposants entre collagistes confirmés et d’autres dont c’est la première exposition ? Vous offrez une très grande variété de style, « le collage dans tous ses états », est-ce votre marque ? 
E : Oui, en effet, avec Laurence, nous sélectionnons les exposants en veillant avant tout à la variété des styles et des démarches artistiques. L’idée est de montrer à quel point le collage peut prendre des formes très différentes, qu’il n’a réellement aucune limite et surtout d’inspirer notre communauté !
Nous choisissons aussi bien des collagistes confirmés que des artistes pour qui c’est la première exposition, tant qu’ils ont un univers identifiable, une intention claire et une vraie singularité dans leur pratique. Nous aimons rassembler des profils issus d’horizons très différents, pour refléter la richesse de ce médium, du narratif au conceptuel, du poétique au plus graphique, de l’analogique au numérique.
C’est ce mélange qui fait notre marque : « le collage dans tous ses états », et surtout l’idée qu’il n’existe pas une seule manière d’être collagiste.
L : C’est très compliqué de devoir faire un choix. Malheureusement, les murs de l’Etablisienne ne sont pas extensibles et même si nous rajoutons des cloisons pour augmenter la surface d’exposition, celle-ci à ses limites. C’est également pour cette raison que nous avons répondu favorablement à la proposition de l’Espace Andrée Chedid, cela nous a permis d’avoir 20 artistes supplémentaires.
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Après deux festivals, pensez-vous à sa pérennité ? Quel bilan faites-vous ? 
E : Pour la pérennité, nous restons prudents : l’avenir nous le dira. Deux éditions, c’est déjà beaucoup d’énergie, d’équilibre à trouver et de ressources à mobiliser. Nous avons envie de continuer, bien sûr, mais nous avançons étape par étape, sans nous précipiter dans un modèle qui nous ferait perdre l’essence du projet.
Le bilan, en revanche, est très positif : la communauté répond présent, les candidatures sont nombreuses, le public est curieux et bienveillant, et les retours que nous recevons montrent qu’il se passe « quelque chose » autour de ce festival, une rencontre humaine autant qu’artistique.
C’est cette énergie-là qui nous encourage à imaginer la suite… mais sereinement.
L : Ce dont nous avons besoin pour que le Festival puisse continuer à vivre, c’est d’un mécène. Nous avons fait le choix de ne faire payer ni les exposants, ni les visiteurs de façon qu’il soit accessible à tous. Depuis deux ans, c’est l’Etablisienne qui prend à sa charge les frais en échange d’une visibilité et d’une notoriété mais un partenaire nous permettrait de moins hésiter à reconduire l’événement.
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Pour finir cet entretien qu’aimeriez-vous dire aux collagistes et au public ? 
E : Ce que j’aimerais dire avant tout, c’est : merci. Merci aux collagistes, au public, aux visiteurs curieux… On a adoré organiser cet événement et partager ces moments avec toutes les personnes présentes, c’était sincèrement un bonheur humain autant qu’artistique.
Je ne viens pas de ce milieu artistique, mais j’ai eu un vrai coup de cœur pour cet univers. C’est une communauté d’une créativité incroyable, très généreuse, très vivante, et on a naturellement envie de la soutenir et de lui offrir un espace où elle peut exister pleinement.
L : Continuez à nous montrer votre enthousiasme pour le Festival, c’est notre moteur, ce qui permet d’imaginer avoir l’énergie de recommencer.
1 L’Etablisienne : 88 Boulevard de Picpus, Paris 12ème

 
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