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Le Courtauld Institute s’est invité à la Fondation Louis Vuitton !

Par Elsa Kaminski

Le Courtauld Institute s’est invité à la Fondation Louis Vuitton !

Libre et instinctif s’épaulent pour constituer l’esprit de Samuel Courtauld qui fut l’un des mécènes les plus engagés dans la reconnaissance de l’art moderne français en Angleterre au début du XXe siècle.

On peut dire que d’emblée la culture impressionniste et post-impressionniste a agi sur lui avec une passion grandissante. Soucieux de dépasser les traditionnelles écoles nationales qui primaient au Royaume-Uni, il y trouva dans ces oeuvres le climat d’une singularité poétique et d’une intensité nouvelle. Il excella alors à faire revivre la figure de Cézanne malmenée au royaume dans les années 1920 et à mêler des oeuvres iconiques telles que Un bar aux Folies-Bergère de Manet (1882), La Gare Saint-Lazare de Monet (1877), La Loge de Renoir (1874) l’Autoportrait à l’oreille bandée de Van Gogh (1889), la Femme se séchant de Degas  (1900) et tant d’autres.

Dans ce tissu si riche qu’est sa collection, se révèlent ainsi des mouvements, limités dans le temps mais tellement importants par leur résonance et ce, grâce à des artistes qui on su présenter une diversité de points de vue et défendre alors avec acharnement chacun le leur.

Mais autant que les tendances qu’elle incarne, c’est également la confrontation des oeuvres, leurs jeux subtils de couleurs et de lumière qui rendent cette collection précieuse. Les styles se juxtaposent et les formats se diversifient offrant au spectateur une révolte picturale à travers des dessins, des esquisses préparatoires, des huiles sur toile et sur panneau.

Rénovateurs de la lumière et instigateurs d’une nouvelle attitude critique dans une époque où la peinture académique s’essoufflait, les artistes impressionnistes et post-impressionnistes ont su ainsi réconcilier la modernité et la sensibilité en substituant la banalité des paysages et des portraits par une hardiesse de la forme et de l’expression.

La collection de Courtauld est donc le reflet de recherches et de réflexions techniques menées par des esprits novateurs imprégnés de l’héritage industriel.

L’on peut alors admirer dans cette exposition, le coup de pinceau brisé de la Jeune femme se poudrant de Seurat (1888-1890) , la perspective déroutante de la Nature morte à l’amour en plâtre de Cézanne (1894) la sensualité profonde du Nu féminin de Modigliani (1916) et l’atmosphère ni tout à fait réelle ni uniquement chimérique de Nevermore de Gauguin (1897).

Mais si cette collection retrace principalement l’héritage français de la fin du XIXe siècle – début XXe siècle, elle est également teintée de l’impressionnant ensemble d’aquarelles de Turner.

En somme, à travers cette profusion de références, la Fondation Louis Vuitton nous offre un tableau grandiose de meneurs, artistes et techniciens, guidés par la sincérité et la nouveauté pour dépeindre leur vision d’un monde alors en pleine mutation.

Samuel Courtauld représente ainsi le mécène auquel on aspire : un homme qui a su donner l’impulsion à un art moderne dans un pays encore traditionaliste.

Une collection, ainsi nourrie d’histoire personnelle, qui est à notre portée de main, le temps de quelques mois.

Fondation Louis Vuitton
Du 20 février au 17 juin 2019