Anna Daniela Sestito
Cantatrice et chef d’orchestre
Il se pourrait que ce soit parce que Daniela fut dans son enfance une gymnaste très investie, et à la rigueur due à cette discipline, qu’elle se trouve être aujourd’hui cette cantatrice à la voix si sublime.
Née en Calabre, dernière d’une fratrie de six enfants, Daniela traverse sa prime jeunesse dans des eaux tranquilles et rassurantes de sa famille, entre des parents âgés et disponibles. À huit ans, assise devant la cheminée, elle lit l’Odyssée d’Homère en compagnie de son père. Sa mère, elle-même éduquée sur le modèle grec, transmet son affection par les gestes plutôt que par les mots. La culture est la clé de voûte de cette famille aimante.
Ses amis lui disent qu’elle possède une belle voix, alors l’année du bac, elle décide de passer un concours, après seulement six mois de cours de chant.
Titulaire d’un bac économie et finances, la jeune fille se destine à une carrière de magistrate, tout en chantant régulièrement à l’oratoire de son église. Parallèlement, elle fréquente la fac de droit, durant trois ans, tout en s’inscrivant au Conservatoire d’état de Cosenza.
Elle se lance dans l’étude, en 2004, du répertoire vocal français, d’après le conseil du chef d’orchestre Patrick Fournillier (elle avait chanté Rigoletto en Italie sous sa direction).
Elle vient alors une semaine à Paris, sans connaître la langue française et rencontre madame Caroline Dumas de l’Opéra de Paris.
Déterminée à se lancer dans la direction d’orchestre, elle achète immédiatement sa baguette, travaille sur la partition, se présente au concours de l’École normale où elle est admise.
En juin 2007, elle dirige pour la première fois l’orchestre de Calabre.
Elle salue et attaque… grand blanc dans sa tête ! Elle demande d’une toute petite voix, l’indulgence. Mais elle assurera avec maestria, aidée par la grâce, ovationnée par le public et par l’orchestre.
Elle continue à étudier l’histoire de la musique, et à mener ses recherches dans les archives et dans les vielles malles de sa belle-famille qui vit également à Naples.
En 2010, elle décide de devenir parisienne à temps plein. Ce Paris qui, petite fille, la faisait tellement rêver, l’accueille à bras ouverts. Elle rejoint alors l’ensemble vocal de l’Ecole polytechnique comme soliste et participe, toujours comme solistes, à un grand nombre de productions sacrées, dans la capitale.
Depuis, elle a créé « Quadrivium », un ensemble vocal, composé de voix très finement travaillées, sur la base sensible de la couleur et de l’émotion. Dualisme entre le matériel et l’immatériel, la voix est le seul instrument qui ne se voit pas.
Par ailleurs, Il faut s’efforcer de gérer les personnalités, les individualités.
Elle organise avec le soutien d’Yves Winkin, un partenariat avec le Musée des arts et métiers. Yves Winkin, par son initiative à mêler la musique à la science, apporte un vent nouveau à ce musée exceptionnel.
Anna Daniela travaille actuellement à la réalisation d’un programme de quatre rencontres par an, au rythme de chaque trimestre. Cette année, les figures féminines seront à l’honneur, ainsi que les maîtres initiateurs de la prodigieuse Ecole Musicale Napolitaine.
Elle écrit également un récit qui met en scène la vie d’un génie, un certain Roméo, personnage haut en couleurs, tout droit issu de sa belle-famille.
L’enregistrement d’un disque dédié à une figure féminine qui a vécu entre le XVIe et le XVIIe siècles, la traduction en français et la publication du livre de Enzo Amato « La Musica del Sole » sont les projets phares de l’année 2018.
Saisons de Culture souhaite un succès mérité à toutes ces initiatives, toujours associé au talent et à la beauté.
Mylène Vignon