Portraits

L’automne vu du ciel

Yann Arthus-Bertrand Par Mylène Vignon

J’avais eu le privilège d’être conviée le 18 juillet 2013 à l’inauguration de l’Atelier, lieu de partage dédié au travail de Yann Arthus-Bertrand et situé 15 rue de Seine à Saint-Germain-des-Prés.

Impossible d’approcher le célèbre photographe, dans cette marée humaine dont il était le centre.

Aujourd’hui, il a accepté de se livrer à quelques confidences pour Saisons de Culture.

Entretien:

SdeC:
Pourquoi, avoir ouvert cet Atelier et pourquoi ce quartier de Paris?

Y A B:
J’ai toujours aimé Saint-Germain-Des-Prés, car pour moi ce quartier stratégique à du sens, par rapport à l’esprit qu’il évoque; la proximité des galeries et des librairies et cette animation cosmopolite très particulière. Cet espace s’est imposé à mes attentes. Par ailleurs, l’Atelier se trouve à proximité des Beaux-Arts, que je fréquente une fois par semaine.

SdeC: Vous êtes si occupé à parcourir le monde pour notre plus grand plaisir, aurez-vous malgré tout, la possibilité de pouvoir vous y poser?

Y A B
: Oui, j’y reviens chaque semaine pour passer du temps à rencontrer les gens, leur parler de mon travail. C’est pour moi une étape très importante. J’ai souhaité en faire un bureau, un lieu de vente, une photothèque, mais surtout pas une galerie. J’ai opté pour la formule de ne pas numéroter mes tirages de manière à les offrir pour un prix plus que raisonnable. Je ne suis pas obsédé par la photo, mais par le message, les signaux qu’elle transmet.

SdeC
: Vous avez évoqué une certaine frustration de n’avoir pas la reconnaissance des musées et des diverses institutions qui prétendent que votre art est trop populaire. Mais c’est une qualité, que de vouloir donner à voir au «  voyageur assis sur sa chaise » la réalité sans imposture. La nature est si belle, si imprévisible! Je pense sincèrement que votre proposition prend corps dans la quête de l’angle défini par votre discernement. Cet espace d’harmonie qui donnera à enchanter celui qui ne verra jamais ce que vous découvrez de votre hauteur.  En fait votre créativité est courageuse, car elle est généreuse. Vous êtes un témoin dans le sens le plus noble de l’acte et du geste et c’est une valeur ajoutée. Il est si facile de transiger avec la réalité. De nos jours, la technologie est sans limites et tout est possible!
Avez-vous l’intention d’organiser régulièrement des événements à l’Atelier, Yann Arthus-Bertrand?

Y A B
: Oui, et ce qui me tient le plus à coeur, c’est d’y effectuer des ventes aux enchères, en compagnie d’autres photographes invités et engagés eux-aussi dans l’action humanitaire. Les fonds recueillis seront destinés à un orphelinat que je soutiens: Badoo.org. J’ai vraiment été conquis par tous ces enfants.

SdeC
: Quelle est votre actualité? On parle beaucoup de cinéma.

Y A B
: Je suis actuellement sur un gros tournage. Hier j’étais à Saint-Domingue et Haïti et je repars en Algérie, Pakistan, Birmanie, dans les jours qui suivent. Cette discipline me convient parfaitement, elle me permet de mettre au service de l’autre une nouvelle forme de créativité plus active, telle la vidéo; l’image toujours, mais en mouvement.

SdeC
 : J’ai constaté en préparant ce reportage en compagnie de Woytek – notre reporter-maison – que vos collaborateurs s’exprimaient avec des étoiles plein les yeux! Et vous, Yann Arthus-Bertrand, êtes vous un homme heureux?

Y A B
: Oui et non! Non, parce-que la vie de l’homme est difficile. Oui, car le bonheur est un devoir. Il faut commencer par s’aimer soi-même. Ce qui me rend heureux, c’est de pouvoir apporter ma contribution à favoriser le vivre-ensemble.
SdeC: De quoi êtes vous le plus fier, au regard du bilan de votre incroyable parcours, durant duquel vous avez tellement donné?

Y A B
: Je vais sans doute vous étonner, mais j’arrive de New York et j’ai été très ému de voir une de mes photos dans le bureau du Secrétaire Général des Nations Unies. C’est un très grand honneur et j’en éprouve réelle fierté.

SdeC
: S’il est une personne qui mérite de se trouver à cet endroit, c’est bien vous, cher Yann. Vous êtes le liant qui unit les peuples de toutes les régions du monde.

Belle vie à votre film « Human » qui vous expose à cette situation de doute à la fois inconfortable et nécessaire. Mais l’homme que vous êtes n’est pas de ceux qui réfutent à se mettre en danger! A vaincre sans péril, on triomphe sans gloire! Je trouve personnellement que cette vérité citée par Corneille et reprise par Napoléon vous convient parfaitement cher Yann Arthus-Bertrand, car le péril n’a jamais constitué le moindre frein à la pratique de chacun de vos engagements.

Félicitations de la part de Saisons de Culture pour ce bel Atelier germanopratin dont le succès est d’ores et déjà prometteur, voire acquis. Merci pour ces instants précieux que vous m’avez accordé et de votre grande disponibilité, malgré toutes vos activités.

Merci pour ce partage d’émotions.

www.yannarthusbertrand.org

Mylène VIGNON