Portraits

Patrice Bouvier Photographe

Entretien avec Mylène Vignon

La rencontre avec le photographe a eu lieu à Saint-Germain-des-Prés, alors qu’il exposait des portraits de clowns au féminin. L’originalité de son sujet m’a donné envie d’en voir d’avantage et j’ai alors découvert un parcours atypique.

Entretien :

Patrice Bouvier, comment est née cette initiative de photos représentant l’univers des clowns. Peux-tu m’en confier l’origine ?

 Mon travail personnel s’est beaucoup axé sur le corps, l’expression du corps lié à l’esprit. Le clown est le rire par le corps, la femme clown a une écriture qui va bien au delà du « cloud ». Quand j’ai commencé ce travail c’était une nouveauté, aujourd’hui il y a pléthore de femme clown.

Depuis, je t’ai vu dédicacer un livre de nus féminins à la galerie Area, le nu m’est apparu chez toi un sujet récurrent…

Même ligne directrice, toujours le corps. Un travail en appelle un autre, Zavatta m’a amené aux contorsionnistes en studio, puis au nu en noir et blanc, puis au nu couleur et tout bientôt m’amènera vers un nouveau travail (qui sera surprenant , ah ah ! )Toujours cette AUTRE féminin qui est en moi et qu’il me faut découvrir.

Quelle est ta technique en matière de photos ?  (dans la mesure de ce qui n’est pas trop

confidentiel).

Il n’y a pas de technique secrète en photographie. En Art, le graal est de travailler quotidiennement pour oublier la technique. Montaigne disait « Mon talent, mon art, c’est vivre ». Grande pensée pour un photographe.

Quels sont tes maîtres ?

Tous les photographes, les écrivains, les philosophes qui sont dans mon énorme bibliothèque, tous les artistes des arts plastiques, des arts vivants que j’ai pu croiser dans ma vie. Pour faire simple, peut-être Gary Winogrand, photographe américain et Georges Tourdjman, qui m’a transmis l’exigence que lui avait communiqué ses cours avec Alexeï Brodovitch.

Quelle est la photo que tu aurais voulu réaliser ?

Deux heures du matin, aire de l’autoroute de Deauville, je prend un café. Un  Hummer s’échoue à mes pieds. Du sombre de la nuit, du noir de la voiture, seul émerge un visage figé, éclairé par le plafonnier dans le pare prise passager du monstre Karl Lagerfeld. Je n’ai pas pu le déranger ni jouer le paparazzi.

« Nos plus belles photos sont celles que l’on n’a jamais faites »a dit Richard Avedon.

Tu sembles apporter beaucoup de soutien aux autres artistes, c’est important pour toi ?

C’est l’Autre qui me permet de me définir. Cette notion est fondamentale pour moi : l’Altérité, la différence, le partage.

Une anecdote inédite à confier à Saisons de Culture qui fête cette année ses dix ans ?

Nous ne sommes que des anecdotes, bien peu de chose en réalité. Notre réalité n’est faite que d’anecdotes imprévisibles importantes pour nous.

Ton dicton préféré…

Chercher l’ordre, le désordre du monde, par le regard.