Portraits

Alexis Moncorgé

De la scène à l’écran

Alexis est la belle rencontre de cet Avignon 2018, si foisonnant de surprises.

Cet été, il refermait la boucle sur sa pièce Amok, une adaptation personnelle du roman de Stefan Sweig, qui depuis sa création en 2015 dans la cité des papes, à fait le tour du monde. Le spectacle, un seul en scène, a été joué durant trois-cent soixante représentations, en France dans soixante – dix villes différentes, dont onze mois de suite à Paris au Théâtre de Poche Montparnasse,  sous la bienveillance de Philippe Tesson et de son équipe,  ainsi qu’au mythique Lucernaire.

Amok a également été accueilli en Malaisie, au Liban, à Montréal, aux USA…

Depuis son plus jeune âge, élevé dans un haras de Normandie au contact des chevaux par des parents fervents cinéphiles, Alexis veut être acteur. Tout commence avec une prépa à Sciences Po, un Deug   de lettres, puis, ce sera le cinéma.

Il suivra les cours de Jean- Laurent Cochet et d’Hélène Zidi et durant huit ans, se consacrera au théâtre, avec une réelle envie de partager et de créer. Le répertoire est varié, du classique au seul en scène,  où il occupe l’espace d’une présence assurée. Sa nature optimiste et son amour pour les autres, le poussent  à s’engager au fond des choses. Il se sent profondément artisan, heureux de pouvoir donner le meilleur de lui-même.

 En 2016, pour Amok, il reçoit le Molière de la révélation théâtre masculine.

Un spectacle qu’il laissera cependant de côté après avoir obtenu de nouveau un succès à Avignon 2018 , afin de se rendre disponible. Après une pause régénératrice, il décide d’ouvrir une page blanche sur le cinéma.

Au cinéma, il adore cet esprit d’équipe qui règne, quand un groupe de 35 personnes partagent intimement le temps d’un tournage : « on creuse en amont, on lit avec l’auteur, puis il y a le tournage et tout le monde donne de son énergie ». Étrangement, il prétend se sentir un peu « flibustier » dans la profession, cependant on ressent chez lui, une passion hors du commun, on l’écoute parler de sa vie, comme on boit les paroles de ces conteurs qui nous font rêver l’irrationnel en le rendant possible.

Lorsque je lui demande de partager avec nous un instant insolite de son parcours, il me raconte qu’un soir de dernière à Avignon, où l’intensité était palpable sur scène comme dans le public, alors qu’il jouait le rôle de Tréplev dans la Mouette de Tchekhov, et que Nina allait envoyer sa tirade létale, un grand oiseau, toutes ailes déployées à soudain traversé la salle.

C’est cette magie, qui rythme la vie des acteurs et des comédiens, grâce auxquels le monde est pendant un temps transposé vers d’autres rivages.

En 2018, on a pu retrouver Alexis Moncorgé dans Marylin et moi, de Jérôme Loiseau, ainsi que dans Crime dans le Luberon, un téléfilm diffusé récemment sur France 3.

Mylène Vignon

Le 10 octobre 2018