Regards

L’Effet Rispal

Les Yeux Fertiles

Que reste-t-il d’une exposition, quand la porte, dans l’autre sens franchie, on retrouve la douceur de cette fin d’automne ?
D’une exposition, ce qui importe c’est ce qu’il en reste en nous.
Tout comme d’une œuvre. Surtout si celle-ci semble elle-même faite de ce que les psychanalystes nomment les restes diurnes – ce qui demeure au matin des rêves de la nuit –. Le travail de Josette Rispal est une nuit constellée de lambeaux de ce que notre société condamne à la perte, à l’oubli. Depuis presque un demi siècle, est-ce un songe que ce récit de bouts de ci, morceaux ce ça ? Des riens peut-être, mais aussi des  troncs, des ramures, des racines : ce qui va vers le haut
et ce qui s’enfonce comme pour chercher les deux feux de l’alchimiste : celui  du ciel et l’autre des tréfonds chthoniens.

Quand on a quitté l’espace de la galerie les Yeux Fertiles, ce qui demeure de l’exposition nous tient au corps tel un  message. Alors il faut vêtir le saisissement ressenti d’une chaire et de nos propres mots. Josette Rispal nous enchante et nous tient captifs d’un temps qui n’est que le sien.

L’exposition est plongée dans le noir,  d’où ne saillent que d’utiles sollicitations. Notre guide est la lumière qui nous conduit d’œuvres en œuvres, mais c’est comme s’il n’y en avait qu’une : voilà l’EffetRispal, et de stations en stations, s’installe en nous une commotion particulière. Elle tient de l’alerte.
Nuages figés par l’action d’un feu verrier dans l’immobilité du verre ; il faut que le regard se perde dans le détail minuscule pour y découvrir, hors échelle, le spectacle du Monde. Et les collines en seins nourriciers nous invitent à la vigilance.
Ailleurs, écorces et ceps d’arbres morts réveillés par la technologie
de leds, s’animent tel  un mutant. Cet arbre-homme est-il un frère de la Forêt de Fangorn ? Devant cette résurrection, l’émotion efface toute velléité à disserter. L’ineffable qui nous saisit l’ayant rendu vivant,  il nous parle et nous dit : « Qu’as-tu fait de ton Monde ? ” .

Théodore Blaise

Galerie Les Yeux Fertiles
27 rue de Seine Paris 6ème

Jusqu’au 12 janvier – du mardi au samedi

contact@galerielesyeuxfertiles.com