Regards

Mademoiselle de Jonquières

Par Pascal Aubier

Voilà un film qu’on vu en passant. On nous avait suppliés de ne pas aller voir le Grand Bain qui passait à côté. Alors comme on passait, on s’est dit et pourquoi pas Mademoiselle de Jonquières ?

J’avais vu, étant très jeune, Les Dames du Bois de Bologneavec ma marraine, Maria Casarès. Non, je ne suis pas aller voir le film de Bresson avec elle mais elle jouait dedans. C’était du temps de son histoire avec Camus et c’était ma mère qui les avait présentés l’un à l’autre. Ou l’une à l’autre un. Elles étaient au Conservatoire ensemble. C’est pourquoi Casarès avec son grand rire grave est devenue ma marraine. Tout s’explique donc. 

Ainsi on a vu cette Demoiselle. Qui est une très jolie fille, merci : Alice Isaaz. Et l’idée du metteur en scène de ne pas nous dévoiler sa véritable personnalité plus tôt est excellente.

Comme l’excellente façon de mettre en scène le XVIIIème siècle sans être obligé de dépenser un argent fou. Le talent c’est aussi savoir songer à ce genre de choses. Peu de monde dans le cadre, des morceaux de Parcs et de Châteaux, cadrés de façon assez rapprochée, avec finesse. Les costumes et la déco sont juste ce qu’il faut pour exprimer l’époque et la beauté des femmes. Nous avons ici une Cécile de France, très naturellement grande dame, belle et dangereuse. Son amie, personnage inventé par Mouret, le metteur en scène, et qui constitue aussi une bonne idée, est interprété par Laure Calamy avec son drôle de petit nez en trompette, une sorte de Karine Viard en miniature. Très bonne surprise, contre emploi impeccable, larmes. Et pour couronner le tout un Edouard Bear comme si on y était. Un type assez élégant et bien tourné, maniant la langue avec la dextérité qu’on lui connait, la barbe de treize jours parfaitement entretenue. Libertin avoué, ne lâchant jamais prise est pris au piège de l’Amour et non du Hasard, tendu par  Madame de La Pommeraye qu’il avait délaissée. L’enjeu de cet amour c’est Mademoiselle de Jonquières , la de plus en plus ravissante Alice au Pays des Merveilles Isaaz. Cette jeune dévote, comme ne le sait pas le Marquis Bear, est une jeune putain pas très chère.   Il va l ‘épouser. La marier.  Et finalement, au grand dam de Cécile de La Pommeraye, lui pardonner.

Edouard Bear qui n’est pas mal du tout, tout au long du film devient éblouissant quand Cécile de France du Monde, lui prie de démontrer aux deux fausses dévotes que le comportement pieux et le meilleur rempart au libertinage. Tête de Bear qui met une bonne minute avant de pouvoir prononcer un mot. Très bonne surprise d’acteur.

Vu en passant, le film nous fit passer un si bon moment, que je passais la main dans celle de ma chérie. Merci Edouard, merci Cécile, merci  Laure et merci, merci Alice. Et merci aussi Monsieur Mouret et Madame Natalia Dontcheva, dont je n’ai pas parlé pour aller plus vite mais qui joue très bien la maman démoniaque de la petite pute Alice. Bon après midi.