Regards

Quelques pages d’histoire autour de Bayeux

Par Thierry Berthé

Chers amis,

La destination que je vous propose aujourd’hui n’est pas sans porter une partie du poids de l’histoire de notre pays et du monde, de la conquête de l’Angleterre par Guillaume le conquérant au “Jour J” de juin 1944. Les alentours de la petite ville normande de Bayeux, où je vous emmène aujourd’hui, concentrent l’évocation d’épopées sanglantes qui ont marqué notre passé et pourtant, il y règne désormais une atmosphère de “douce Normandie”.

La ville médiévale et ses belles maisons à colombage comme la splendide cathédrale ont miraculeusement échappé aux destructions du débarquement. Les beaux hôtels particuliers de la période classique voisinent avec les maisons à encorbellement pour ceindre la cathédrale Notre-Dame (11ème au 16ème siècles) qui les domine. Au cœur de la cité serpente l’Aure, jalonnée de moulins et petits barrages, paisible coulée de verdure.

Notre Dame de Bayeux est le symbole actuel d’un évêché en place depuis le 4ème siècle. De haute taille, elle recèle quelques trésors, grand orgue, vitraux et étonnante chaire. Mais une crypte peinte est son principal trésor. Erigée en 1060, elle accueille un décor d’anges musiciens peints vers 1410. Elle est donc contemporaine de Guillaume et fut commandée par son frère, l’évêque Odon.

L’exceptionnel se rencontre également à Bayeux grâce à la “Tapisserie de la Reine Mathilde” qui relate la conquête de l’Angleterre par Guillaume, Duc de Normandie, lors de la bataille d’Hastings en 1066. Il s’agit d’une broderie à l’aiguille qui, commandée par Odon, demi-frère de Guillaume, fut réalisée en Angleterre à la toute fin du 11ème siècle. Disparue pendant trois cents ans, elle fut redécouverte vers 1460 et échappa de peu aux destructions de la révolution française. Garance, gaude et indigotine confèrent leurs belles couleurs à cette broderie constituée de neuf panneaux en lin assemblés en une seule pièce d’une longueur de 68,38 mètres et large d’environ 50 centimètres.

L’art de la broderie perdure à Bayeux, comme en témoigne un accueillant atelier associatif situé au cœur de la vieille cité.

La côte normande évoque inévitablement le débarquement allié du 6 juin 1944 et les terribles semaines de la bataille de Normandie. Devant l’abondance des vestiges et musées, le site d’Arromanches et son port provisoire installé et aussitôt détruit par la tempête, le musée de Bayeux et un passage à Port en Bessin font référence.

Au cimetière américain de Colleville continue de souffler le vent de l’Histoire. 9 386 “boys” y reposent dans ce petit coin d’Amérique, accompagnés par les mânes de 1 557 soldats disparus. Laissons-nous porter par la grandeur de leur sacrifice et méditer sur l’insignifiance de l’homme qui n’a pas su en tirer de leçon de sagesse et nous offrir un futur pacifique. En contrebas, la plage “d’Omaha beach”, vaste étendue sablonneuse face à la Manche, a retrouvé la paix.

Après être passés devant le château de Saint Pierre du Mont (16ème siècle), un dernier haut lieu nous attend, le site défensif allemand de la pointe du Hoc. Bombardé avant l’aube, il fut escaladé dans la matinée du 6 juin par les 225 hommes du 2ème bataillon des US Rangers. Seuls 41 d’entre-eux en sortirent indemnes ! Paradoxe, le canon tant redouté n’y était pas en service.

Au-delà du secteur de Bayeux, bien d’autres sites et événements auraient pu retenir notre attention, tant la Normandie recèle de trésors. A vous de les chercher !!