Un printemps pascalien : demeurer seul dans une chambre
Par Cybèle Air
Se dessine un moment pascalien en ce printemps 2020. Dans ses
Pensées Pascal (1623-1662) écrit : « j’ai découvert que tout le malheur de l’homme vient d’une seule chose, qui est de ne savoir pas demeurer en repos, dans une chambre ». Etre face au gouffre infini, au manque définitif, prendre conscience qu’aucun objet fini, jamais, ne pourra venir combler le désir d’infini que nous sommes, telle est bien l’expérience radicale à laquelle Pascal nous convie. Rien, « astres, ciel, terre, éléments, plantes, choux, poireaux, animaux, insectes, veaux, serpents, fièvre, peste, guerre, famine, vices, adultère, inceste », la liste drolatique et tragique déployée par Blaise montre l’inanité à vouloir combler l’ouvert, à vouloir tenter d’en finir avec le désir. Lacan dirait que nous sommes des « sujets barrés », marqués par la scission, la déchirure, l’incomplétude. N’est-ce pas ce qui suscite la création ?
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