Regards

Garouste

Par Henri-Hugues Lejeune

Quelle discrète horloge a-t-elle mis en route le destin en vue de conjuguer ces jours-ci les attentions les plus diverses et les plus profondes sur l’œuvre et la personne de Gérard Garouste ? Sont-elles en mesure, sont-elles assez puissantes et concertées afin que nous puissions disposer des matériaux nécessaires pour en analyser l’énigme ? Autant celle du personnage, car elles sont nombreuses et au premier chef celle de sa destinée, du ou des buts qu’il s’assigne et des options qu’au long cours de son existence il a prises, s’est assignées, a adoptées ou qui se sont, bien souvent douloureusement, imposées à lui. Texte intégral

Aventures d’un bibliothécaire (2)

Par Henri-Hugues Lejeune

Seconde Partie

À travers les siècles

Je me suis entendu dire, je crois que c’est une sorte de tradition orale, d’apologue, chez messieurs les écrivains, que Drieu La Rochelle en son temps avait la réputation d’un amant particulièrement souhaitable (ceux que l’on nomme « une bonne affaire ») pour être capable de longues étreintes, quasi une heure (disait-on autour de lui ou se vantait-il ?) avant de conclure l’assaut.

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Akira Inumaru – Jour et nuit

Propos recueillis par Mylène Vignon

Pour inaugurer la saison, la galerie Terrain Vagh ouvre ses portes au Soleil Levant et accueille Akira Inumaru, jeune artiste japonais qui présentera une toute nouvelle série inédite, peinte cet été au Japon spécialement pour l’exposition. Jour et nuit est le titre de cet ensemble de quinze peintures sur toile, conçues comme autant de portraits de la nature, de l’espace, de la lumière et du temps, entre le lever et le coucher du soleil. Jour et nuit sera accompagnée de deux grandes toiles de la série Cimes et Racines exposée à l’Abbatiale Saint Ouen à Rouen d’avril à juin dernier ; trois œuvres inédites sur papier de la série Distillation solaire compléteront l’ensemble. Texte intégral

Sonate atlantique

Par Sandrine Lefevre

À l’aube, éveillée par la clarté dans ma chambre, j’avance vers vous. Ô Sphinx ! Chauffé par le soleil, Dévoré par la pluie, Caressé par la sable, Vous portez les nuages sur votre dos tranquille et patient. Figé, posé sur le sol, à l’arrêt, vous resplendissez du souffle des pulsations d’aimer. Mes mains effleurent lentement votre puissante douceur. Vos traits rassurants et sculptés étoffent avec élégance tous les étés d’estampes et de beauté. Texte intégral

Aventures d’un bibliothécaire (1)

par Henri Hugues Lejeune

Première Partie

Approche

   Je me livre actuellement, de manière bien velléitaire, au rangement de mes livres. Velléitaire ? Car je ne sais guère comment réagir s’il est question de les classer et qui pourrait prétendre « ranger » des livres s’il ne les classe, ce qui revient malheureusement à dire se classer soi-même et où allons-nous dès lors ?

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Apocalypse Républicaine

Une pépite d’Avignon

Jean Maboul, un psy, pas comme les autres, exerce dans un mystérieux village, qui, d’après des spécialistes en géographie sacrée, fait écho à Rennes-le-Château, genèse du Da Vinci Code… Auteur du Best seller mondial « Avec Maboul on ne perd jamais la boule », il pratique la Méthode Maboul, en marge des acquis de Freud, Jung et Lacan, qui n’ont pas eu la chance de le rencontrer.... Dans son Cabinet de réflexion, on évoque, sans langue de bois, ni paroles d’évangiles, les non-dits qui masquent les gros maux de l’humanité… Et au fil de 7 consultations, chiffre qui n’est pas innocent, le Déni est convoqué au Tribunal du Verbe, ou sont cités comme témoins à charge, Dieu, Voltaire, Aragon, Platon, Louis XVI, Napoléon, Shakespeare, Hugo, Machiavel, Einstein et Satan... Texte intégral

Chronique numéro 38 – Alain Pusel

J’embrasse la peinture

La première miniature, qui saute aux yeux et porte le rouge d’un baiser, symbole de l’amour immense de Marie Rauzy pour la peinture tout autant que l’intensité de son espièglerie, est celle qui représente le visage de Arnold Böcklin, clin d’œil à son propre autoportrait de 1872 : « Autoportrait avec la mort jouant du violon ».  Il manque le sourire goguenard de la Camarde lorgnant déjà sa prochaine victime, juste derrière l’épaule droite du joyeux luron de peintre suisse. Enfin… celui qui a peint cinq versions de l’hilarante « Ile aux morts » n’avait guère de place pour reporter de l’humour sur sa palette, son talent de fiévreux symboliste est là pour combler notre aspiration au romantisme et aux moments de mélancolie. Texte intégral

NICE CON-FINÉ

Par Ben Vautier

Bonjour ICI BEN, Voici une petite Newsletter d’un con fini confiné. (jeu de mot idiot) Je me demande qui me surveille sur le net ? Cela me rend triste. Tous les matins je trouve mon ordinateur hacké. Je soupçonne alors les services secrets Russe, Chinois, Occitans comme dans la série « le bureau des légendes » Texte intégral

Folle soirée rue de Fleurus

Par Mylène Vignon

Une invitation à dîner en compagnie de l'artiste André  Robillard, m’a mise en joie par un beau jour de février 2022. Bien que vivement admirative des œuvres découvertes sur les cimaises de la galerie Sartoni & Cerveau, je n’avais encore jamais rencontré l’homme. Et la rencontre en question dépassa de beaucoup mes espérances! Ce jeune homme de 90 ans, né à La Maltournée près de Gien le 27 octobre 1931, comme il se plaît à le rappeler avec fierté, surprend, autant par sa vivacité que par son caractère bien trempé. L’artiste ne s’est pas fait pas prier pour jouer de son harmonica diatonique, entre les notes joyeuses de La Java bleue et celles de morceaux choisis dans le répertoire de son idole André Verchuren. Avec une incroyable lucidité, un humour empreint de bon sens et une générosité sans limites, il se raconte… Voici son histoire: André Robillard est placé dès l’âge de 7 ans à l’école annexe de l’hôpital psychiatrique de Fleury-Les-Aubrais, sous prétexte de difficultés scolaires. Il était alors destiné à devenir commis de ferme. Fugueur et colérique,  il se retrouvera interné dans ce même hôpital à l’âge de 19 ans. À partir de ce moment, son sort est jeté!  À l’âge de 33 ans, il sera employé comme jardinier, blanchisseur et exécutera également d’autres tâches plus ingrates. Un jour, il décide en feuilletant des magazines spécialisés, de fabriquer des fusils, qu’il réalise de manière rudimentaire, afin de tuer la misère, selon ses propres mots. Bien intentionné, son psychiatre envoie quelques pièces à Jean Dubuffet.  Ces œuvres atypiques vont immédiatement intégrer la collection du maître de l’art brut. Les deux hommes se rencontreront à plusieurs reprises. André Robillard, entame ensuite une série de spoutnicks et autres engins spaciaux. Ses fusils se déclinent aussi en mitraillettes, élaborées de plus en plus finement, toujours à base d’éléments de récupération.  La production s’étend également aux planètes, aux satellites, aux animaux et aussi à Notre Dame de Paris. Une production de l’artiste orléanais, qui va bien au delà de l’espièglerie et contient une essence subversive et transgressive. Merci à nos hôtes Sophie Sainrapt et Pascal Aubier, d’avoir organisé un délectable banquet en l’honneur de ce grand artiste. Merci également au collectionneur Alexandre Donnat qui a permis cette rencontre, offrant à son ami, la joie de dîner en compagnie de trois de ses œuvres, sélectionnées avec l’expertise qui le caractérise. Ce fut une soirée décalée, éclaboussante,  intense en événements, passée en compagnie de jeunes personnes plutôt fougueuses. La chance m’a été donnée de faire également la connaissance de mesdemoiselles Lily Lafleur, chapelière à Paris et Bérangère Nicolet, dite bébé. Nous avons dit adieu à un joli pot à eau rouge à pois blancs, dégusté une poularde demi deuil et des pommes de terre rôties au four,  bien maîtrisées par Pascal et agrémentées de truffes râpées - car Alexandre Donnat, outre le fait de nous avoir offert le cadeau principal de cette soirée, nous a également gratifié d’une belle cueillette de truffes venues tout droit du Périgord -. Il y eut aussi en dessert, des éclairs au café géants, ainsi que des Merveilleux, apportés par les très charmants César et Manolo, hélas repartis prématurément. André Robillard, après avoir taxé la soirée de Fête au village, retournera en taxi à Fleury - Les - Aubrais,  parce qu’il y est attendu. Il doit, dit-il se préparer pour une future exposition lyonnaise. Ses bons amis l’entourent de beaucoup d’affection et lui permettent de s’évader le plus souvent possible de sa chambre où la lumière du jour ne filtre pas. Une autre bonne manière de tuer la misère en clamant Vive la vie!  Saisonsdeculture ne manquera pas de transmettre les informations inhérentes à l’exposition consacrée à André Robillard à Lyon et annoncera peut-être une bonne surprise. www.collectionalexandredonnat.com

A la découverte de l’Ile de Bréhat

Par Thierry Berthé

À quelques encablures de la côte bretonne, par-delà la bonne cité de Paimpol, je vous donne rendez-vous pour y voir et revoir les îles de Bréhat. Dix minutes de navigation suffisent pour prendre pied sur l'ile principale de Bréhat, côtoyée à l’ouest par l’île Béniguet qui la sépare de l’estuaire du Trieux et par l’île Logodec au sud-est, elle est cernée de plus d’un millier d’îlots rocheux où seuls peuvent se risquer les marins du cru. L’île de Bréhat est scindée en deux par le bras de la Corderie et sa visite se mérite. En effet, il n’est pas rare d’y marcher de 15 à 20 km pour en découvrir les secrets et recoins. Texte intégral

Rires et grincements : Gombrowicz à l’Opéra Garnier

Par Cybèle Air

L’art lyrique admet-il le rire ? Le grotesque ? Peut-on rire à l’opéra ? La distance du rire est-elle compatible avec la saisie par l’émotion musicale de tout l’être, son emportement ? Certes le Falstaff de Verdi prête-t-il au ridicule, et le forcené de la Tablature, dans Les Maîtres Chanteurs de Wagner, s’emberlificote dans ses calculs de rimes avec un sérieux drolatique et sot. Mais la musique nous emmène, les voix nous transportent, sans que la distance, l’écart critique n’aient vraiment leur place. Texte intégral

Allemagne – Nouvelle Objectivité (Années 1920)

Centre Pompidou du 11 mai au 5 septembre 2022

L’exposition qui vient d’ouvrir ses portes entraîne des considérations de toutes sortes qui exigent, amènent autant de réponses d’une complexité redoutable. Il importe tout d’abord non seulement qu’elle nous mène en territoire totalement inconnu, ignoré et qui l’a toujours été, de la part d’à peu près tout le monde, en France du moins. Le motif en relève de nous d’abord, de l’Allemagne ensuite et de l’étrange et redoutable époque qu’elle retrace, génératrice de tant de redoutables catastrophes. Il convient avant tout de relever que l’art, tel qu’il se pratique en Allemagne, dans les années 20, est non seulement totalement ignoré des Français d’alors, mais surtout qu’il l’a toujours été si le théâtre de Bertolt Brecht et la musique de Kurt Weill ont fait les délices des avant-gardes internationales avec cet « Opéra de Quatre Sous » qui répondait si bien pour certains esprits de ma génération, aux considérations proférées peu avant par Père Ubu, enfin comprises et parfaitement assimilées par le Surréalisme. Mais sur quel terrain, dans quelle ambiance tout ceci avait-il pris son envol ? Nul ne s’en souciait sinon pour ricaner du néant et de l’état de désagrégation qui avaient pu engendrer une pareille révolution de l’esprit. Eh bien voilà le terrain d’envol de la plus décisive des tempêtes intellectuelles dont soit issu le XXème siècle nous dit-on aujourd’hui au Centre Pompidou, c’était la « Nouvelle Objectivité » et l’on confie à August Sander le soin de nous la présenter et le choix n’est-il pas heureux puisqu’il s’agit avant tout pour nous ici d’un photographe, quoiqu’en fait il ait pratiqué à peu près tout l’éventail des moyens d’expression possibles. Afin nous dit la présentation de l’exposition de mettre en lumière toutes les ambivalences d’une société divisée entre fascination pour la rationalisation et angoisse d’une désindividualisation aliénante, subversion des normes de genre et défense de l’ordre établi. La responsabilité de notre exposant est donc singulièrement lourde. Reste à voir comme il va s’en acquitter ! L’Allemagne s’est toujours voulue être, outre le territoire, la patrie de la Philosophie de l’Histoire et ceci plus profondément et subjectivement sans doute son acteur et foyer principal. L’orgueil national et sa conscience profonde en sont la substance même. Les ouvrages de Spengler sur l’Histoire des Cultures de l’Occident en sont l’illustration et il a été évident, l’avenir l’a révélé avec la violence et l’amplitude du nazisme qui l’a immédiatement suivi, que l’enjeu en question dans la période qui nous concerne dans cette exposition n’avait pas été mince, que cette nouvelle objectivité ne se situait pas dans une ère, pour la civilisation et son devenir, de tout repos. En France, l’agitation se porte ailleurs, la guerre puisqu’elle avait été gagnée, le voulait : la Guerre mondiale avait tranché : le siècle avait changé (le XIXème au fond n’avait-il pas perduré jusqu’en 1914 ?). Ici l’on parlait Marxisme (cette autre invention allemande !), Surréalisme, l’on évaluait le monde, la civilisation aussi, ainsi que l’homme dans tout cela... On essayait d’envisager comment le faire marcher et évoluer, le monde. Ici nous dit-on en Allemagne, on regardait tout cela ? Cette nouvelle objectivité quelque peu imposée qui avait trouvé son langage dans la double manifestation de Brecht et l’Opéra de Quatre sous d’une part et « Les Falaises de Marbre » d’Ernst Jünger de l’autre, nous la pouvons entrevoir dans l’éclatante ambivalence et parfois le symbolisme paradoxal, parfois caricatural suggéré et voulu par les images de Sander qui partent ainsi dans toutes les directions possibles et imaginables...

Henri-Hugues Lejeune

Chronique n° 22 d’Alain Pusel

Avec les anges, prendre la route

Il y a de tout petits ascenseurs dans certains immeubles de Paris. La cage d’escalier, étroite, n’a pas permis à une nacelle domestique spacieuse d’être implantée. Le mécanisme d’élévation n’est pas toujours naturel… Ces machines sont régulièrement immobilisées ; leur exiguïté ne favorise pas leur utilisation, et chaque emménagement ou déménagement est l’occasion de les mettre hors d’usage pendant plusieurs jours. Des utilisations poussées et successives ont raison de leurs capacités ; une pièce du mécanisme a souffert ou c’est la porte de sécurité qui a été bloquée par quelques sacs de ciment, un afflux de caisses, l’agitation d’utilisateurs et c’est la panne. Texte intégral

Hommage à Milshtein

Par Alin Avila

L’œuvre de Milshtein s’étend sur plus de soixante années, elle a toujours maintenu une cohérence dont il devient opportun d’en définir l’essence, surtout maintenant qu’il est parti. Il nous a quittés ce 4 février 2020. Texte intégral