Cela commence par une carte-postalisation de Paris.
Une suite de clichés, dans les deux sens du terme, de Paris, ensoleillé, rutilant, de la Ville dans la nuit, belle et mystérieuse, de la Capitale sous la pluie, joyeuse et poétique. On se dit…
Ainsi se succèdent les premières images de Minuit à Paris, un film de Woody Allen. (1)
Les protagonistes se dessinent rapidement : Gil Pender, scénariste américain en quête de littérature et sa fiancée, que tout oppose : il est amoureux de Paris, elle supporte à peine la ville, il est démocrate, elle est la fille d’un couple vissé aux idéaux de la frange extrême du parti Républicain, qui ne voit le monde qu’à travers l’aune de combien est -ce que cela coûte, et de combien est-ce que cela rapporte. Il faudra attendre la quasi-fin du film pour qu’enfin Pender (incarné par Owen Wilson, qui mimétise Woody Allen acteur, mais parce que touchant reste supportable) décide de la quitter, autant elle que ses futurs-ex-beaux-parents, pour vivre sa vie, et sa vie est à Paris.
Grâce à un doux sortilège, Gil Pender qui idolâtre la période parisienne des années 1920, avec sa fête et sa créativité, notamment de la part des écrivains américains, est, durant plusieurs nuits, conduit à bord d’un mystérieux taxi, dans un voyage à travers le temps. Il bascule pendant plusieurs nuits du Paris de 2010 à celui de 1920 et se retrouve à deviser avec Ernest Hemingway, Francis Scott Fitzgerald et cætera. Certains artistes sont mieux croqués que d’autres (les peintres dont Picasso sont plutôt ratés) mais le charme opère.
Pender est en plein rêve – qui est devenu pour quelques nuits une vérité parallèle et même si la carte-postalisation de Paris… des années 1920 est bien présente, elle-aussi,le spectateur peut jubiler.
La question est posée : nous avons chacun dans notre cœur, un pays, une période, un Age d’Or à l’intérieur duquel nous aurions aimé vivre. L’impression est vivace, plus à un certain âge : soit plus jeunes lorsque nous nous sentons inadaptés à notre époque ; soit plus âgés : lorsque nous ne nous reconnaissons plus dans celle qui vient. En recherche de meilleurs repères, en panique face aux nouveaux paradigmes… C’était mieux, vraiment avant, surtout lorsque nous n’y étions pas ! C’était mieux, avant, parce que nous croyons que nous y aurions une meilleure prise : sur le réel sociétal et sur la forme de notre existence singulière. Quelle incroyable somme de chimères et d’illusions…
Je m’avance : je ne me suis jamais remis de ne pas avoir connu le T.N.P. de Jean Vilar et de ne pas avoir pu découvrir Gérard Philippe (avec un seul « p ») incarner « Le Prince de Hombourg » (2) dans la cour d’honneur du Palais des Papes à l’été 1951… Est-ce une préciosité ? Toute forme de coquetterie est à écarter. Pour d’autres, cette forme de regret aura pour contenu tel concert de Jacques Brel, telle exposition de Picasso, telle lecture de Charles Baudelaire… Quand on a goûté l’écume avec toute sa curiosité ardente et juvénile, on rêve de remonter jusqu’à la naissance de la vague…La vie d’un cœur ressemble à un Hokusaï.
Plus ample et plus subtil que le personnage de Gil Pender sur le chemin à rebours de l’Age d’Or est celui de la linguiste Louise Banks dans le film Premier contact de Denis Villeneuve (3) : puisque celle-ci en s’initiant à la langue des visiteurs (les Heptapodes) de l’espace apprendra à courber le temps ; c’est-à-dire que l’apprentissage de cette langue non-linéaire lui donnera accès à des visions (futur) qu’elle pourra convoquer au présent pour agir et qui appartiennent aussi au passé. Le rêve d’un Age d’Or dans cette fable de science-fiction devient la possibilité de dépasser les frontières temporelles en apprenant et pratiquant une langue qui se situe simultanément en ces trois pôles du temps.
On peut donc devenir nostalgique d’une époque qui aura lieu mais dont on goûte déjà, en avance cette fois, de l’écume, et cette saveur salée est une sapience du passé. Le sel laissé par la vague.
Nous sommes, nous serons comme nous l’avons déjà été, inconsolables.
Nul besoin chères toutes et chers tous, d’évoquer les cas de Gil Pender et de Louise Banks pour que vous en soyez bientôt persuadés. Vous l’étiez déjà.
Toute vie se conjugue avec ses peines.
Incroyable : il y a parfois des moments de joie.
(1) Minuit à Paris. Sortie en France en 2011. Scénario et réalisation : Woody Allen. Avec Owen Wilson, Rachel MacAdams, Marion Cotillard.
(2) Le Prince de Hombourg, théâtre, de Heinrich von Kleist, paru en 1821
(3) Premier contact. Sortie en France en 2016. Scénario : Eric Heisserer. Réalisation : Denis Villeneuve. Avec Amy Adams, Jeremy Renner, Forest Whitaker.
Qui ne se souvient de l’Un, avec ses longs bras, agités, son discours, volubile, ses doigts qui s’animent. C’est dans la classe de « Philosophie moderne » — tout un programme — déjà tourné vers les poussières du temps. L’Un donc, plus âgé que la plupart d’entre nous, basculés de l’omnibus du lycée, est tombé dans la potion moitié amère, moitié tonique, du mémoire pris repris repoussé transformé ; reprisé dans de la bonne laine dont la pelote des notions commence à filer sans qu’il ne sache plus à quel fil se fier.
Pénétrer le sens de la métaphore que constitue l'œuvre de Fernand Khnopff, magistralement présentée au Petit Palais jusqu'au 17 mars, doit débuter par la lecture de Bruges la morte de Georges Rodenbach, pour lequel l’artiste a offert le frontispice. Mots et peinture établiraient en reflet, le témoignage des deux piliers du Symbolisme qui ne sont pas falbalas allégoriques, mais Solitude et Silence. Texte intégral
Rencontrée par Woytek Konarzewski en mission au Mifac, lequel se tenait comme à l’habitude, cet automne 2021 au Mans, la galerie Capazza a ouvert ses portes à l’équipe Saisons de Culture, en visite à l’atelier solognot de la céramiste Anna Tepli.
Ludovic Duhamel écrivait dans Le miroir de l’art, à propos de Gérard Capazza : Capitaine au long cours, il a mené son équipage bien au-delà des mondes connus et répertoriés, ne cessant d’explorer ce qui ne l’était pas encore (…)
Contre vents et marées, la sublime galerie située au beau milieu de nulle part – on y arrive même parfois en hélicoptère – qui a résisté aux divers tsunamis de l’année 2020, nous accueillait dans une prairie de sculptures polychromes.
Le lieu dispense ses trésors d’œuvres d’art, ouvrant même les portes de ses réserves privées, à une équipe Saisons de Culture enthousiaste. Les artistes de la galerie - qui demeurent en bonne place que leurs œuvres se vendent ou non- selon le vœu de Gérard Capazza, se déploient au regard des visiteurs dont nous avons le grand privilège de faire partie : Lydie Arickx, Castellane, Claude Champy, Yi Chang, James Coignard, Robert Deblander, Christine Fabre, Fanny Ferre, Gérard Fournier, Franta, Jani, Jeanclos, Claude Mollard, Jean-Pierre Viot… impossible de tous les citer ici, tant ce temple abrite de talents !
Le lieu est magique. Cependant, nous explique Sophie Capazza, son acquisition et les travaux pharaoniques engagés furent un véritable parcours du combattant ! Elle nous invite à prendre le thé accompagné des délicieux sablés de Nançay, avant de nous accueillir dans son espace privé, curieux que nous sommes d’approcher de plus près, l’un des fleurons de la collection, une toile majestueuse signée Franta.
La visite s’est achevée avec le partage d’une récolte de girolles, offerte par la maîtresse de maison.
Le soir même, toujours sous le charme, nous projetions le film de l’anniversaire des quarante ans de la galerie. Plus d’une semaine après, le charme est toujours aussi présent.
Aujourd’hui orpheline de son créateur, la galerie poursuit son chemin sous la vigilance de Sophie Capazza et de ses enfants.
Galerie Capazza
1, rue des Faubourgs - 18330 Nançay
Tél 0248518022
www.galerie-Capazza.com
Une passante, dans cette ambiance de décembre, marche devant moi, à vive allure.
Une jupe noire qui ondule, vaguelettes, frisotis – une élégance. Des cheveux blonds, en échappée, sur le côté et sur le front. Elle accélère, demoiselle pressée.
Voici l’histoire d’une femme artiste née dans un siècle d’hommes et victime expiatoire d’une société pavée de bonnes conventions et l’audacieux pari d’Hélène Zidi, auteure et comédienne, de mettre en scène cette vie entière dédiée à l’amour et à l’Art avec émotion et justesse. Texte intégral
Comme on se retrouve, ce bon vieux réseau métropolitain et moi
On a repris l’habitude.
Depuis la rentrée.
Toujours traumatisante, la rentrée. Souvent intéressant, le réseau. Pourtant, comment peut-on élever ses pensées lorsqu’on se retrouve aussi bas…
La jeune femme me fait face. Elle fixe ardemment un homme, trentenaire plongé dans son portable intelligent, assis à côté de moi.
Je pense que le type n’a pas encore atterri, de ses vacances. Il n’a pas encore touché terre. Alors, vous imaginez : comment sous-terre, recouvrerait-il ses esprits.
Il sort à la station suivante.
Elle tourne la page de son carnet. Un jeune homme vient s’asseoir à côté de moi.
Elle le scrute intensément.
Je commence à me demander, quand même, qui est et que fait cette femme, brune, assez maigre, habillée couleur parme.
Elle le dessine. Ça y est. Très vite. Le type ne voit rien. Il a sorti un livre de poche.
Crayon. Trait. Vive allure. Elle le croque.
C’est une mangeuse qui incorpore à grands traits.
Il se lève. Pas un regard envers sa dévoreuse.
Une femme vient s’asseoir. Chignon, lunettes, col relevé. Plongée dans son portable. Un jeu, ça clignote, forcément passionnant.
La croqueuse a tourné la page. Fixité, intensité, rapidité. La dame de la diagonale.
Le manège durera plusieurs tours, tandis que notre rame, comme sur un circuit miniature, qu’actionnerait avec curiosité un enfant-dieu gigantissime , appuyant sur sa manette, continue à tourner bien rond.
C’est elle qui sort. Je la suis. Pas osé l’aborder, cette femme en chemisier parme. Quelque chose de trop tendu dans le cou. Dans ses sous-sols, le fond de l’être effraie un peu.
Plus tard, dans une autre rame.
Très jolie femme, jupe rouge orangé, en face d’une des portes, sur ma gauche. En diagonale pour moi. De longs cheveux, elle se regarde dans la vitre lorsque le fond vire au noir et que la rame prend de la vitesse.
Soudain un petit garçon. Deux ans ? Dans sa poussette. Sa mère ne regarde que son portable.
Le petit tire sur la jupe. Une fois, deux fois.
La mère dans son portable.
La femme dans son reflet.
Une station, deux. Arrêts, redémarrage.
Le petit continue à intervalles réguliers.
Soudain, la femme se retourne, doucement. Elle lui sourit. Elle descend à la prochaine.
J’imagine. C’est moi qui tire sur sa jupe orangé rouge. Autour des femmes plongées dans leur portable, des hommes pianistes de leur téléphone.
On m’aurait quand même arrêté. La mère aurait relevé la tête. Traduit en justice. Un cercle de féministes en furie m’aurait hurlé dessus.
On m’aurait conduit place de la Concorde. La guillotine, ou le bûcher. Ou les deux, l’un après l’une.
Je somnole.
J’aurais dû emmener mon portable pour pouvoir jouer à un jeu intelligent. C’est difficile de refaire de longs trajets en métro. On commence à se raconter de drôles d’histoires, en biais, et en travers.
Je sors de mon sac un livre. Je lis de dos.
Non. Je lis le dos de la couverture.
« Pour la première fois depuis quinze ans, le nom de cette femme lui occupait l’esprit, et ce nom entraînerait à sa suite, certainement, le souvenir d’autres personnes qu’il avait vues autour d’elle, dans la maison de la rue du Docteur-Kurzenne. (…) Et , ne pouvant revivre le passé pour le corriger, le meilleur moyen de les rendre définitivement inoffensifs, et de les tenir à distance, ce serait de les métamorphoses en personnages de roman. »
Tiens, ce serait le dernier roman de Patrick Modiano.
Il a trouvé le moyen de se renouveler, lui. Pour la rentrée. Le titre, c’est : Chevreuse.
Ce qui est bien, c’est que tout de suite j’ai pensé à : vallée.
Vallée de Chevreuse.
C’est joli d’imaginer un espace, des forêts, une végétation, à la suite d’une montagne ou s’épanouissant entre deux montagnes. En pente douce. On descend lentement.
Mais absolument pas sous terre, on s’arrête avant.
J’ai bien fait de ne pas avoir pris mon téléphone portable. Me voici transporté ailleurs, sous le bleu du ciel un vert de printemps.
Patrick Modiano, Chevreuse, Editions Gallimard. Parution : automne 2021
Tout comme les sgraffites qui révèlent peut-être, tout le long des façades, les rêves des habitants de Prague ; ceux de Kafka (1883 – 1924) sont, toujours, inscrits, grattés, marqués au cœur de sa chair et de son esprit saisi de migraine, épris de mauvaises fièvres. Texte intégral
Voilà un film qu’on vu en passant. On nous avait suppliés de ne pas aller voir le Grand Bain qui passait à côté. Alors comme on passait, on s’est dit et pourquoi pas Mademoiselle de Jonquières ?Texte intégral
Ma naissance
« Au début, je nageais dans un liquide, une sorte de tohu-bohu qui était rassurant. Je ne savais pas à l’époque combien était fragile ma protection. Je nageais dans un bien-être total, en haut, quelque part, j’entendais un battement sourd et parfaitement rythmé. Je voyais des bruits assourdis et j’entendais des couleurs très vives. C’était très étrange, et si différent de ce que je perçois aujourd’hui. Le temps s’écoulait paisiblement, de manière abstraite car je ne savais pas compter.
Mais voilà qu’un jour tout fut chamboulé. Ce fut comme si on m’avait lancé dans une marmite d’eau bouillante. Ça a commencé avec une sorte de douleur, comme si on m’ arrachait le pied. La douleur s’est propagée dans mes bras et mes mains. Quand elle s’est arrêtée, j’ai ressenti une sorte d’étouffement. Une lumière violente m’a aveuglé. Mon corps brûlait. Je ne le souviens pas si c’était provoqué par le chaud ou par le froid. Il me semble que la première sensation que j’ai ressentie a été un froid intense suivi d’une chaleur brûlante. Je me suis mis à hurler.
Ce fut mon premier apprentissage de la langue humaine. Je n’avais jamais ouvert la bouche auparavant, car j’aurais pu me noyer. Et puis, je n’avais rien à dire, et encore moins à hurler. J’arrivais à m’exprimer un petit peu avec les sanglots. La faim, la peur et la haine ont été des sensations nouvelles pour moi, et j’ai dû chercher une protection. Ça m’a pris des mois avant de prononcer le mot « maman », un mot magique qui ouvrait toutes les portes. « Devic » c’était mon frère aîné, il avait déjà subi tous les supplices avant moi, il était là pour me rassurer. Le troisième mot que j’ai appris était « Mademoiselle », qui désignait notre nounou helvétique. »
Texte extrait du livre À vos papiers 1934
Ce matin, je suis sorti de l’immeuble, tandis que le ciel démangé encore par ses élans noirs et mauves de la nuit, ouvrait par ci par là un œil de nuages gris, nuançant dans un infini délicat ce tôt matin de novembre.
L’heure des examens. Pas encore de conscience ; sanguins. On en est proche. Texte intégral
On y est. Comme je vous le disais il n’y a pas longtemps, les titres des films qui sortent en France sont en Américain, quelque soit leur origine. Rappelez-vous, Every Body Knows, I Feel Good et tant d’autres. Ici, nous avons affaire à un film Polonais, et non des moindres. Cold War veut dire Guerre Froide, comme si on ne savait pas ce que c’était. Ce ne sont pourtant pas les Polonais qui ont choisi cet Anglais. En polonais le titre est Zimna Wojna, la Guerre Froide, glacée précisément. Ce sont nos distributeurs Modernes qui sont américanisés. Ou Macronisés, puisque tout semble l’être devenu. Sans parti pris. Moi j’étais plutôt du genre coco quand on avait encore des espoirs. Plus d’espoir, plus de cocos, mais plein de Macronistes. Bon, c’est comme ça, on ne va pas épiloguer, on est là pour parler de cinéma. Texte intégral
Cela semble de grands gestes, des baffes de couleurs qui nous laisseraient en bouche l’idée qu’il s’agirait d’abstraction. Évoquer l’orbe que la lancée des bras inscrits, pourrait nous remémorer des moments précis de la modernité : ici et de l’autre côté de l’océan. Moments qui ont bouleversé la peinture et ce qu’on pouvait entendre d’elle comme témoignage de geste, donc du réel et non plus celui de ses apparences, mais convoquer l’Histoire de l’art : voilà une commodité paresseuse. Avez-vous regardé de près ?
Me suis-je appliqué à voir juste, mettre mon attention à remonter le temps de ce qui constitue l’objet de la vision ? J’ai dit de grands gestes, ai-je dit justes ? Tentons la précision, qu’importe d’évoquer le geste ou la trace qui lui semble conséquente ? Parler de l’un comme de l’autre, c’est en venir à l’artiste.
Hélene Jacqz dépose d’un geste, un geste qui se trouve ne plus être le sien tant il est au bout de son bras celui de la matière elle-même. Il me faut peu de mots pour dire l’élan qu’elle prend après un long instant de concentration. Un bond pourrait-on dire, élément d’une danse, ou plutôt d’un rituel, car de toile en toile ce bond qui se répète sauvage, parfois violent tient capturé en lui l’énergie qu’elle y a déployée.
Mais l’interpréter dans cette perspective rageuse, ne serait-ce pas céder à la plus facile des interprétations, aller au plus rapide à ce qui fait expression et s’aveugler dans la facilité de réduire ses éléments picturaux à la seule conséquence de son énergie. Cela ne saurait suffire, car par des fils de l’émotion éprouvée, le corps agissant qui s’est imposé se dissout au profil d’une « chose » qui appartient à l’esprit : au moment d’avant.
Alors il faut être totalement au regard que l’on porte à l’œuvre, pour tout à coup constater qu’un de ses gestes, le plus clair, n’est pas jeté au-dessus des autres, mais vient du fond, émis par un effet de réserve. Ce geste surgit au- dessus de tous les autres qui vont le suivre. Ce qui semble achever la partie de peinture en est en fait le commencement.
Faut-il dire qu’elle use pour ce faire d’un matériau qui ressemble au latex et qu’elle en use comme d’une couleur, mais qui n’en a pas une et qui de coup de gommé, après qu’il aura été recouvert, disparaît laissant apparaître la toile et qui comme avant tout commencement, tient du vide.
Cela ne serait pas sans évoquer le rôle essentiel de Ce “grand vide“ conduisant au “grand calme“ comme Lao Tseu l’évoquait, qui marquera toute la peinture classique chinoise.
Alors n’est-il pas possible de voir les grands gestes d’Hélène Jacqz, non comme des marques lyriques et bruyantes, mais tout au contraire une invitation au sens. Le tumulte harmonieux d’Hélène Jacqz, doit se percevoir telle la calligraphie d’une porte qui ouvrirait par une attentive contemplation, le cœur de notre grand vide intime. C’est dire que cette peinture est vivifiante.
Jusqu’au 17 novembre 2021
Hélène JacqzInventaire célesteGalerie Area39 rue Volta 75003 Paris Métro Ligne 3 et 11 Arts et MétiersExposition en ligne :https://www.area-store-paris.com
A droite, sur la façade du 19 avenue Stephen Pichon, à Paris dans le treizième, face au vent et à la pluie, se tient fine, fière et stoïque, une petite plaque avec comme inscription en caractères dorés : Texte intégral
Pour cette 45ème édition, la FIAC est placée sous le signe de la sagesse. Des œuvres pures, efficaces, synthétiques, muséales pour la plupart, éprouvées par le temps, défendues par des galeristes tels que Perrotin, Kamel Mennour, Loevenbruck, Templon, Lelong, Obadia, Thaddeus Rappac. Texte intégral